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Avec leur structure en bois, les balles de foin et les matières combustibles qui y sont entreposées, ainsi que la distance qui les sépare des bornes d’incendie, les bâtiments agricoles sont habituellement des pertes totales lorsqu’un incendie y survient.
« On va parfois être capables de déterminer à quel endroit le feu est parti. On va soupçonner une origine électrique, un moteur qui chauffe, un ventilateur coincé, des branchements mal faits, mais on ne peut pas le jurer parce qu’il ne reste plus rien après l’incendie », explique Stéphane Bibeau, président et chef de direction du Groupe Estrie-Richelieu, le plus important assureur agricole au Québec.
Si les anciens bâtiments présentent un risque plus élevé d’incendie, les constructions récentes ne sont pas pour autant à l’abri. « Toutes les compagnies d’assurance courent après les fermes qui viennent d’être construites en se disant que c’est neuf, donc moins dangereux. Malheureusement, ça brûle pareil », souligne Stéphane Bibeau en citant l’exemple d’une ferme flambant neuve qui a entraîné une réclamation de 6 M$.
« Dans ce cas-ci, c’est le système de chauffage qui était en cause, et une erreur humaine. Le propriétaire a vu de la fumée qui sortait du système. Au lieu d’alerter les pompiers, il a appelé son électricien qui lui a dit de fermer le disjoncteur. Quand il est revenu à la ferme, le feu était parti et il n’y avait plus rien à faire pour l’arrêter », rappelle l’assureur en soulignant que les équipements neufs représentent aussi un danger lors de leurs premiers mois d’utilisation.
Au Groupe Estrie-Richelieu, les incendies représentent environ 25 % des sinistres, mais 75 % des pertes sur une base annuelle. Dans 95 % des cas, rapporte Stéphane Bibeau, les propriétaires vont décider de reconstruire. « Les seuls cas où ça n’arrive pas, c’est lorsque le producteur est en fin de carrière et qu’il n’a pas de relève. » Exceptionnellement, des agriculteurs vont décider de leur propre chef de ne pas s’assurer. « C’est rare, mais il y a des cas où un producteur m’a dit que premièrement, il ne brûlerait pas et deuxièmement, il était assez fort financièrement pour le supporter si ça devait arriver. »
Selon le type de production, certaines entreprises agricoles sont plus à risque face aux incendies. « Une ferme maraîchère ou un producteur de grandes cultures, c’est moins à risque qu’une ferme laitière, par exemple, qui exige un paquet de machineries avec des fans, des pompes, des moteurs… Donc, logiquement, la prime exigée variera selon la quantité d’équipements à l’intérieur des bâtiments. »
Miser sur la prévention
En tant que mutuelle dont les fonds proviennent principalement des cotisations de ses membres, Groupe Estrie-Richelieu mise beaucoup sur la prévention pour maintenir un bon bilan au chapitre des réclamations. « Nous comptons 56 employés, dont 10 préventionnistes qui font environ 3 600 visites sur les fermes par année. »
Stéphane Bibeau constate que la nouvelle génération de producteurs est plus sensibilisée à la prévention que la précédente. « Il va toujours y avoir des gens réticents, mais à l’inverse, on va en retrouver d’autres qui s’assurent que tout est super solide, super bien géré, super propre. Ils vont mettre des systèmes d’alarme. Bref, ils vont en faire plus que ce qu’on leur demande. »
Un point de vue partagé par le préventionniste Daniel Bizier. « Oui, ils sont réceptifs, mais il faut les attraper dans le bon temps. S’ils sont dans les semences, dans les récoltes, ils n’aiment pas ça, être dérangés. C’est important de trouver le moment idéal pour avoir leur attention. »
Si une anomalie est constatée, le préventionniste en informe le producteur avant de s’entendre sur un délai pour que la situation soit régularisée. Le nombre de visites se fait selon le degré de risque que représente l’exploitation agricole. « Ça peut être une fois par année pour un et une fois aux deux ans pour l’autre. Ça dépend du type de production, mais aussi, une ferme de plusieurs millions sera inspectée plus fréquemment qu’une autre qui en vaut une fraction. On a une base de données avec nos chiffres des 30 dernières années en plus de notre connaissance du terrain. Toutes nos primes et le travail de nos interventionnistes sont basés sur ces deux éléments », conclut Stéphane Bibeau.