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L’utilisation de haies brise-vent pourrait devenir une méthode simple, pour une entreprise agricole ou une municipalité, d’améliorer sa réserve en eau potable. Ce sont, du moins, les conclusions d’un projet mené par Terre-Eau, une entreprise de services-conseils en agroenvironnement et de recherche scientifique établie à Saint-Joseph-de-Lepage, au Bas-Saint-Laurent.
Une haie brise-vent est généralement constituée d’arbres et d’arbustes. Elle est ni plus ni moins qu’une clôture permettant de capter la neige et de l’accumuler. Les haies brise-vent sont bien connues pour leur usage le long des routes afin de limiter la poudrerie. Mais, selon Terre-Eau, elles pourraient aussi combler les besoins en eau potable et éviter le creusage de puits en profondeur.
Les effets s’observent par une augmentation de la hauteur de la neige sur 0,6 hectare autour des haies brise-vent. Les résultats des essais réalisés à Sainte-Luce sur une longueur totale de 180 mètres (590 pieds) ont permis d’offrir près d’une vingtaine d’heures supplémentaires en eau potable à la municipalité.
« On l’a observé en 2017 et 2018, lors des périodes de sécheresse, raconte le président-directeur général de Terre-Eau, Louis Drainville. Les gens croient que s’il ne pleut pas l’été, on va manquer d’eau. C’est faux! L’eau qui est accumulée dans l’aquifère de surface provient en grande partie de la fonte de la neige. Si on accumule suffisamment de neige pour permettre la recharge des aquifères de surface, on a une réserve en eau qui va permettre à l’entreprise agricole de passer à travers l’été, malgré qu’il soit sec. »
Ce qu’en disent les agriculteurs
Olivier Chénard a pu constater qu’une haie brise-vent installée sur l’une des terres de la ferme familiale de Sainte-Luce, près de Rimouski, apporte davantage de couverture de neige. « Si on regarde le rendement de nos champs, ça n’a pas vraiment affecté ou aidé, nuance toutefois le porte-parole de la Ferme Chénard. Ça préserve l’écosystème qui s’est créé. Il y a beaucoup d’oiseaux proches de nos champs, des familles de faucons qui mangent les mulots. »
Un autre agriculteur de Sainte-Luce, Jonathan Claveau, ne peut confirmer, pour l’instant, l’efficacité de la haie érigée dans l’un des champs du Ranch Aux Reflets dorés, surtout parce que les arbustes sont encore trop petits. « Ça m’a enlevé de l’espace de culture », indique-t-il. En revanche, un monticule de terre, qui a aussi été installé par Terre-Eau, préserve son foin de l’habituel coup d’eau qui survenait lors du dégel.
Louis Drainville constate que la présence de haies brise-vent fait en sorte que les plantes sous la neige sont relativement vertes, alors que celles des champs environnants, dont la neige est inexistante depuis un mois, peinent à reprendre vie. Victor Carrier, de la Ferme Vicari de Sainte-Luce, a volontairement laissé du maïs au champ cet hiver. En laissant la neige s’accumuler, il a favorisé, en partie, la recharge de la nappe de son puits d’eau potable. « L’essai semble concluant », se réjouit l’agronome et biologiste.