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Le témoignage d’un motocycliste amoché lors d’un accident avec une citerne à lisier rappelle l’importance de redoubler de prudence sur les routes en cette période de travaux agricoles.
Guy Morin a frôlé la mort le 18 mai dernier près de Victoriaville, au Centre-du-Québec. Il revenait d’une balade en moto par la route 161. Devant lui, trois tracteurs se suivaient avec de l’équipement à lisier. « Je n’étais pas pressé, raconte le motocycliste. J’ai attendu la ligne pointillée et j’ai commencé à les dépasser. Puis, le tracteur d’en avant a tourné à gauche, barrant carrément le chemin avec sa tank quatre essieux. J’ai freiné, mais j’étais rendu dessus. Je n’avais aucune issue pour le contourner, alors j’ai essayé de tourner avec lui dans le rang », décrit-il. Lors de cette manœuvre de dernière minute, sa moto a dérapé et s’est retrouvée entre le tracteur et la citerne à lisier, projetant Guy Morin sur les roues de celle-ci, dont l’une lui aurait écrasé la main et une partie de la tête. « J’avais le visage écrasé sur l’asphalte. J’ai été vraiment chanceux de ne pas mourir », affirme M. Morin, encore sous le choc, peu après sa sortie de l’hôpital.
Le motocycliste s’en tire avec le coude et les os de la main fracturés, le fessier éraflé et 15 points de suture au-dessus de l’œil. « Les ambulanciers ont apporté mon casque tout craqué pour le montrer au personnel médical. Personne ne croyait que je m’en sois sorti sans même une fracture cérébrale », précise-t-il.
Un blâme partagé
Ayant lui-même grandi dans une ferme laitière, Guy Morin connaît la réalité des producteurs agricoles et ne veut pas jeter entièrement le blâme sur le conducteur du tracteur. « J’aurais dû me méfier davantage des trois tracteurs et essayer de me rendre plus visible lors de mon dépassement. Mais d’un autre côté, le conducteur a tourné d’un coup sans jamais regarder son angle mort », pense cet opérateur de pelle hydraulique.
Sur les lieux de l’accident, le conducteur du tracteur aurait mentionné à Guy Morin que son clignotant gauche était actionné. « C’est possible qu’il ait mis son clignotant, mais je ne l’ai pas vu, avoue cependant le motocycliste. J’étais à sa gauche et le tracteur me paraissait sur les quatre clignotants comme les autres. Ils ont tellement de lumières qui flashent sur leurs tracteurs, que tu ne vois pas tout. » Une enquête de la Sûreté du Québec a été ouverte pour déterminer la cause de l’accident.
Formation souhaitée
La victime ne veut pas lancer un débat sur la présence de la machinerie agricole sur les routes. Il lui apparaît cependant anormal que les conducteurs de tracteurs qui transportent de longues et lourdes charges comme une remorque à lisier ne détiennent pas de formation appropriée pour ce type d’équipement. « Pour conduire un fardier, il a fallu que je passe un test et que j’obtienne un permis. Pourquoi le conducteur d’une citerne à lisier
de quatre essieux n’a pas besoin de tests ni de permis? » se demande M. Morin.
La Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) confirme que les producteurs n’ont pas l’obligation de suivre une formation pour la conduite de véhicules lourds, car les tracteurs de ferme sont des engins à circulation lente (vitesse inférieure à 40 km/h) et qu’ils circulent la plupart du temps dans un champ. La porte-parole de la SAAQ Sophie Roy ajoute que « comme leur accès au réseau routier est restreint et sur de courtes distances, le niveau de risque sur le chemin public est réduit ». La Société n’entend pas modifier les conditions pour conduire un véhicule agricole pour le moment.
Bilan routier agricole La Société de l’assurance automobile du Québec rapporte 707 accidents impliquant un véhicule agricole en 2017, dont 7 mortels. En 2018, le bilan s’est légèrement amélioré avec un total de 653 accidents, mais toujours 7 ayant causé la mort. |