Vie rurale 29 avril 2022

Le temps de travail diminue dans les fermes de grandes cultures

Le Centre d’études sur les coûts de production en agriculture (CECPA) vient de publier un indicateur sur le temps de travail des agriculteurs. Son directeur, Francis Goulet, constate que le temps de travail diminue, notamment dans la production de grains.

Moyenne de temps travaillé à la ferme en 2019

Types/Barèmes
Bouvillons d’abattage / 4,8 h/bouvillon
Brebis laitières / 15,4 h/brebis
Chèvres laitières/ 22,2 h/chèvre
Porcs engraissement / 0,6 h/porc
Veaux de grain engraissement / 2,4 h/veau
Blé / 8,8 h/ha
Soya / 9 h/ha
Pommes de terre / 74,5 h/ha
Fraises plasticulture été / 2719 h/ha
Tomates de serre / 33 h/m2
Source : CECPA

Il donne l’exemple du maïs-grain, qui commandait en moyenne 15 heures à l’hectare en 2009 et qui a diminué de 50 % dix ans plus tard avec 10 heures de travail par hectare en 2019. « Au fil du temps, le nombre d’heures travaillées a toujours baissé. Dans les cultures, plusieurs font du semis direct, ou du travail réduit du sol. Les équipements comme les semoirs sont beaucoup plus efficaces, plus larges et plus rapides. Ça paraît sur le temps de travail », indique-t-il.

Un écart important entre les fermes

Les données se basent sur l’analyse d’un certain nombre d’entreprises. Par exemple, dans la production d’avoine, une soixantaine de fermes ont été sondées, et toutes les heures associées à la production, incluant la commercialisation des grains, l’entretien de la machinerie et autres, ont été comptabilisées. Les données proviennent de l’estimation des producteurs, parfois subjectives, conduisant à de l’information imparfaite, mais névralgique, reconnaît M. Goulet. « Il vaut mieux une donnée imparfaite que de ne pas en avoir. C’est important de compter et comparer ses heures travaillées », ­précise-t-il. Un point qui ressort d’ailleurs, aux yeux de M. Goulet, est sans contredit l’écart important qui se dresse entre les résultats d’une ferme à l’autre. « Pour les brebis [laitières], la moyenne est à 15 heures [par brebis], alors que ça varie entre 6 et 20 heures selon les fermes. Cette variation s’explique généralement par la taille de l’entreprise, les équipements utilisés et les façons de travailler », observe-t-il. Idem pour d’autres secteurs comme l’acériculture, où le temps de travail moyen de 150 heures par 1 000 entailles diffère grandement d’une érablière à l’autre. Des propriétaires ont dit consacrer près de 50 heures par 1 000 entailles alors que d’autres mettent six fois plus de temps, soit 300 heures. 

Ne pas négliger de compter son temps

Les agriculteurs négligent souvent d’évaluer leurs heures travaillées, puisqu’il ne s’agit pas d’une dépense directe, souligne M. Goulet. « Il faut mettre une valeur au travail. Si le producteur payait quelqu’un pour effectuer les 3 000 heures qu’il fait par année, il se dirait qu’il y aurait sûrement place à l’amélioration et chercherait à l’optimiser. C’est pour cela qu’il faut effectuer un bilan de ses heures », conseille-t-il.

Des pratiques de travail qui ne sont pas toutes optimales et qui gonflent inutilement le nombre d’heures travaillées peuvent contribuer à la détresse psychologique, faisaient remarquer des travailleuses de rang en novembre dernier, dans le cadre d’un dossier sur le sujet. L’avantage aussi de se « challenger » sur son nombre d’heures, comme le dit l’agronome Francis Goulet, consiste à rendre l’entreprise plus intéressante pour la relève. « La relève ne voudra peut-être pas faire 3 500 heures comme le père », mentionne-t-il.