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Le salaire minimum à verser aux travailleurs étrangers temporaires (TET) agricoles a bondi de 14,25 $ l’heure à 15,17 $ l’heure, le 1er janvier, dans toutes les principales productions du Québec. Cette augmentation d’une ampleur inattendue, annoncée en début d’année, prend par surprise plusieurs employeurs pour qui cette main-d’œuvre représente une forte proportion des coûts de production à la ferme.
« Chaque année, il y a une indexation le 1er janvier, mais jamais de cette ampleur-là », réagit Guy Pouliot, important producteur de fraises à l’île d’Orléans, qui embauche environ 290 TET. Pour l’ensemble des producteurs de fraises et framboises comme lui, le salaire des employés constitue environ 50 % des dépenses durant la saison. « On avait déjà planifié nos affaires pour l’année prochaine. Les contrats sont faits, puis on apprend que le salaire augmente de plus de 6 % d’un coup. Pour moi, ça représente entre 300 000 $ et 350 000 $ de plus », évalue-t-il.
C’est le gouvernement provincial qui détermine tous les ans le salaire plancher à verser aux ouvriers et aux manœuvres agricoles recrutés par l’entremise du Programme des travailleurs étrangers temporaires du fédéral. Généralement, le salaire minimum en vigueur dans l’ensemble du Québec, lui, est indexé quelques mois après, en mai. S’il surpasse le salaire établi spécifiquement pour la main-d’œuvre agricole, c’est le salaire minimum en vigueur au Québec qui est versé aux TET. « On doit toujours donner le salaire le plus élevé des deux, indique Guy Pouliot. Dans mon souvenir, ce n’est vraiment pas arrivé souvent que le salaire minimum au Québec, une fois indexé en mai, soit plus bas que le salaire des travailleurs agricoles. Le salaire des TET est souvent augmenté deux fois dans l’année [en janvier et en mai] », fait valoir l’agriculteur, qui est également propriétaire d’une agence de recrutement de travailleurs étrangers temporaires. En 2022, à titre d’exemple, le salaire plancher à verser aux ouvriers agricoles étrangers avait été fixé à 13,86 $ en janvier, puis a ensuite augmenté en mai, avec l’ajustement du salaire minimum général au Québec, qui est passé de 13,50 $ l’heure à 14,25 $ l’heure. « Je serais étonné que le salaire minimum indexé en mai accote le salaire des TET agricoles cette année; c’est une trop grosse différence », anticipe le producteur.
Hausse justifiée par l’inflation
Dans un courriel, le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) du Québec attribue à l’inflation l’ampleur de la hausse du salaire minimum pour la main-d’œuvre étrangère agricole en 2023. « Les salaires agricoles de janvier 2023 ont été indexés au taux de 6,44 %, ce qui correspond à la variation annuelle de [l’indice moyen des prix à la consommation au Québec], excluant les boissons alcoolisées, les produits du tabac et le cannabis récréatif, pour la période de 12 mois qui [s’est terminée] le 30 septembre. C’est ce taux qui est utilisé pour l’indexation de l’ensemble des barèmes du MIFI. La hausse de cette année est plus grande en raison de la plus forte inflation », a expliqué le service des relations médias.
Plus de 9 % d’augmentation sur un an
Pour les producteurs du Québec, le salaire minimum à verser aux TET agricoles est donc passé de 13,86 $ à 15,17 $ l’heure dans la dernière année, soit une augmentation de plus de 9 %.
« Déjà que les coûts des intrants et des contenants ont explosé », rappelle la présidente de l’Association des producteurs maraîchers du Québec, Catherine Lefebvre, qui estime que la nouvelle hausse de salaire de plus de 6 % en début d’année sera dure à encaisser pour l’industrie. En date du 9 janvier, elle semblait déterminée à « se battre pour rétablir ça » ou, à tout le moins, à aller questionner le gouvernement sur sa décision.
Aux Serres Sylvain Cléroux, de Laval, qui embauchent 106 travailleurs étrangers temporaires au cours de l’année, la directrice des projets spéciaux, Sandrine Gélinas, s’attendait à une hausse plus élevée qu’à l’habitude en début d’année, considérant l’inflation, mais pas à ce point. « On ne pourra pas ajuster la liste de prix pour 50 % de la production, parce que les commandes sont bookées depuis l’été passé. On avait anticipé l’augmentation, mais pas autant que ça », indique celle qui dispose en revanche de flexibilité pour ajuster les prix de l’autre moitié de la production.