Vie rurale 19 septembre 2014

Le cri d’alarme des agriculteurs

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Sale temps pour les agriculteurs québécois qui espèrent un retour à la rentabilité et une plus grande reconnaissance de leur contribution au sein de leurs communautés.

« Les producteurs sont à bout de souffle », prévient la directrice générale de l’organisme Au Cœur des familles agricoles, Maria Labrecque-Duchesneau. Elle qualifie la réalité des agriculteurs de « préoccupante et inquiétante ».

« Oui, les fermes sont en déclin et plusieurs producteurs ne parviennent plus à payer les factures. C’est sérieux. Je n’ai pas assez de mes dix doigts pour compter le nombre de fermes qui cessent leurs activités pour des motifs financiers. Perdre sa ferme, c’est aussi perdre sa maison, son lieu de naissance. Ça touche des familles », ajoute-t-elle, consternée.

C’est avec ces scénarios de faillites et de divorces en toile de fond que Maria Labrecque-Duchesneau a réuni une vingtaine de producteurs, mercredi midi, dans sa « grande cour » de Marieville, pour alerter la population face à l’urgence de prendre soin des producteurs et de revaloriser leur travail.

Elle en a profité pour passer ses messages. « Vous trouvez pas que ça commence à déborder? Achetez Québec, s’il vous plaît! Demandez à votre épicerie des produits qui ont poussé chez nous! Il faut faire l’effort d’apprécier ce que font nos producteurs », a-t-elle suggéré.

Des fermes qui… ferment

Le déclin de l’agriculture n’est pas récent, comme l’a expliqué le président de l’ACFA, Jean-Claude Poissant. Mais la descente aux enfers des producteurs s’est accélérée au cours des dernières années, avec la montée du dollar canadien et l’explosion des prix du blé, notamment.

« En 1961, nous étions 95 000 fermes au Québec. Cinquante ans plus tard il n’en reste plus que 30 000. Une ferme sur deux n’a pas de relève », constate le producteur laitier, dont la ferme se trouve à Saint-Philippe-de-Laprairie.

Lui aussi souhaite que les Québécois qui habitent la ville ou la banlieue modifient leur approche face aux agriculteurs. « Quand j’étais jeune, on prenait la route avec les animaux pour les amener au pâturage à un ou deux kilomètres. Les gens étaient patients. Aujourd’hui, on ne voit plus les vaches dans le chemin; et quand nous circulons sur nos tracteurs, on nous klaxonne. On dérange! » déplore-t-il.

De nombreux producteurs vivent des situations difficilement supportables. C’est le cas de Lorraine Cormier, propriétaire d’une ferme porcine près du Lac Champlain, à Pike River, n’a pu retenir ses larmes en parlant de sa propre réalité. « L’endettement est à son maximum, le prix des intrants est excessivement élevé, il faut vivre avec ces réalités-là. C’est trop gros ce qu’on vit actuellement. On perd tout. Notre marge de crédit est accotée. On est en mode subsistance », a-t-elle laissé tomber en baissant les yeux.