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Quel lien y a-t-il entre le problème du gaz de schiste au Québec et celui de l’eau en Haïti? Pour Mimose Saint-Pierre, paysanne fictive engagée dans l’aventure bien réelle du développement de l’agriculture haïtienne, ça saute aux yeux.
Mimose parcourt à pied les deux kilomètres de piste montagneuse qui séparent sa maison du village où elle va chaque jour chercher de l’eau. Depuis le tremblement de terre de janvier 2010, le système d’alimentation d’eau potable et d’irrigation du village est hors d’usage. Il reste quelques puits à ciel ouvert, mais il faut faire bouillir l’eau à cause du choléra. Pour ses cultures, Mimose est forcée de s’en remettre aux caprices du climat, qui oscille entre sécheresse et ouragan. Un nouveau projet d’UPA Développement international (UPA DI) lui donne beaucoup d’espoir. Il permettra à la communauté de construire des terrasses vivantes pour retenir le sol et l’eau. On espère ainsi régulariser le débit du cours d’eau et empêcher que le système d’adduction d’eau ne soit encore détruit lors du prochain ouragan.
Mimose parvient à hisser le lourd seau sur sa tête et s’élance sur le chemin du retour. Sur la galerie d’une maison, elle reconnaît Marcel Bordeleau, consultant pour UPA DI. L’oreille collée sur sa radio à ondes courtes, il semble préoccupé. Après les salutations d’usage, elle amorce ainsi la discussion :
– Il semblerait qu’il y ait du gaz emprisonné sous la terre dans votre pays. Les industriels offrent de l’argent aux agriculteurs pour qu’on les laisse creuser dans leurs champs et dynamiter la roche afin de récupérer ce gaz. Mais plusieurs craignent que ça finisse par polluer l’eau des puits et des rivières… Il y a un proverbe haïtien qui dit que « l’argent peut casser la roche » mais, avec tout le respect que vous je dois, agronome Bordeleau, le Québec a-t-il vraiment besoin de ce gaz et de cet argent?
– Bonne question!
– Il paraît que le Québec possède beaucoup d’eau et s’en sert pour produire beaucoup d’électricité, mais ce n’est pas une raison pour aller la polluer. Si vous voulez vraiment vendre quelque chose, vendez plutôt de l’eau à ceux et celles qui n’en ont pas…