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Quand on grandit dans une ferme, devient-on forcément fermier? Ce qui était évident il y a de cela bien longtemps ne l’est plus nécessairement aujourd’hui. En aucun cas je ne dénigre ou ne dénigrerai l’agriculture (qui est à la base de la vie), mais l’amour de la nature peut prendre bien des formes.
J’ai passé les 18 premières années de ma vie dans une petite exploitation agricole en Bretagne (France), entourée de tracteurs, de vaches, de poules, de lapins, de patates, de champs de foin. Voilà où j’ai grandi. J’ai eu le privilège de gambader, de sauter dans la boue, de faire des cabanes, de nourrir les lapins, mais aussi de travailler très fort, très jeune, dans le champ et même de traire les vaches. Quel bonheur, quelle chance, me direz-vous, vraiment! En fait, il n’y avait rien d’autre, pas de Wi-Fi, pas d’Internet, pas d’hiver, juste les livres et beaucoup d’imagination. Ne sous-estimez jamais le pouvoir de la lecture.
Ma vie a pris une tournure extraordinaire grâce à un livre, L’appel de la forêt, de Jack London. Après avoir dévoré littéralement ce bouquin, c’est décidé dans ma tête de petite fille de sept ans : j’irai vivre au Canada. Je veux découvrir les grands espaces, la forêt de conifères, l’hiver, le froid.
Il y a 22 ans, j’ai quitté ma vie de banlieusarde parisienne pour vivre mon rêve. J’ai décidé de me choisir enfin. Dès mon arrivée, j’ai rencontré des personnes inspirantes qui allaient me faire découvrir la nature sauvage sous toutes ses facettes. Après avoir été cueilleuse professionnelle et transformatrice de produits forestiers non ligneux (PFNL) pour diverses compagnies, j’ai décidé de bâtir mon entreprise Forêt et Papilles en 2011. Quelle aventure! Bâtir, tout perdre, se relever et recommencer plus intelligemment avec toujours autant de passion. Se lever chaque matin en disant faire le plus beau métier du monde. Voilà ma vie ici.
Je cueille des plantes, des fleurs, des baies, des fruits, des champignons, dans leur environnement naturel, loin de toute source de pollution, loin de l’activité humaine. Je déshydrate toutes ces merveilles, puis je concocte des produits uniques, remplis de saveurs, d’arômes et de couleurs.
Je mets l’accent sur les plantes faisant partie du patrimoine québécois, comme le thé des bois (la paparmane), le sapin baumier, l’épinette noire, la rose sauvage. Comme je ne suis pas d’ici, je vous écoute, gens d’icitte! Grâce à mon choix de vie, j’ai le privilège d’aller en région éloignée, où les souvenirs des chalets et du camp sont encore présents. Je travaille à élaborer des produits qui ravivent la mémoire collective, l’avant-industrialisation.
Et lorsque je vous retrouve dans une exposition et que je vous fais goûter un de ces petits trésors, il est tellement bon de vous écouter raconter une histoire de grand-papa, de grand-maman qui prenait soin de vous quand vous étiez petit. Parfois, j’ai le privilège de voir une larme couler sur votre joue et je sais que je viens de toucher une partie de votre âme. C’est ça, Forêt et Papilles.
WOW!
Chantal Conan, Agrimom
NDLR – Afin de préserver l’authenticité du style des blogueuses et à la demande de celles-ci, les textes diffusés sur le blogue Agrimom.ca sont publiés ici dans leur version originale.