Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Constatant qu’il s’effectue de nombreux achats de terres par des investisseurs qui n’ont pas l’intention de s’établir dans leur région, les acteurs du monde politique, municipal et économique de l’Abitibi-Témiscamingue font front commun.
Ils réclament d’une seule voix un projet pilote de 3,5 M$ au gouvernement québécois afin de dynamiser l’agriculture de la région, qu’ils jugent frappée par un contexte bien particulier.
« La diminution du nombre de fermes sur notre territoire est quatre fois plus rapide qu’ailleurs au Québec. Nous avons rencontré les MRC et les chambres de commerce de l’Abitibi-Témiscamingue et elles nous appuient toutes dans notre volonté de renverser cette tendance et de contribuer davantage à l’économie régionale », souligne Sylvain Vachon, président de la fédération régionale. Il explique la décroissance plus marquée de l’agriculture de la région par le climat nordique, l’éloignement des marchés et le potentiel plus limité de diversification des cultures.
Transactions récentes
Cette annonce survient alors que la Terre a relevé deux transactions récentes qui illustrent le phénomène que déplorent les acteurs locaux.
D’abord, le 6 janvier, Zhigang Wang, président d’Investissements Agri-Industrie Canadienne QC inc., a acheté 194 hectares de terres et de boisés situés dans la municipalité de Moffet, au Témiscamingue. Le prix mentionné dans l’acte notarié est de 339 000 $. Cette société de portefeuille établie à Montréal a été constituée en novembre 2015 et son premier actionnaire, un résident de la Colombie-Britannique, se nomme Yan Ze Hong.
L’agriculteur de Saint-Bruno-de-Guigues qui a vendu sa propriété à ce groupe d’investisseur n’a pas voulu commenter publiquement la transaction.
Un deuxième investisseur d’origine asiatique, Yun Peng Yang, a mis la main sur 385 hectares, dont 93 en culture dans la municipalité de Moffet. Le vendeur est nul autre que le maire du village, Éric Dubuque, un ex-producteur laitier. Dans son édition du 3 février 2016, la Terre révélait qu’une transaction se dessinait entre M. Dubuque et un groupe d’investisseurs. L’acte de vente est maintenant notarié. Le nouvel acquéreur a une adresse à Montréal, mais ne semble pas avoir de lien avec Investissements Agri-Industrie Canadienne QC. De fait, il ne figure pas sur la liste des actionnaires ni sur celle des administrateurs de cette société de portefeuille.
Éric Dubuque a mentionné à la Terre qu’il aurait préféré vendre à une famille désireuse de s’établir à Moffet, mais que sa propriété mise en vente il y a deux ans ne trouvait pas preneur. Il espère que les nouveaux propriétaires défricheront les terres et aideront à relancer l’agriculture dans sa région.
Un mal plus profond
Le président de la Fédération de l’UPA d’Abitibi-Témiscamingue, Sylvain Vachon, se désole que des investisseurs d’origine étrangère ou des producteurs agricoles du sud du Québec viennent acheter des terres dans sa région sans pour autant s’y établir. Selon lui, ces achats reflètent les symptômes d’un mal plus profond. « Au fond, c’est que les conditions ne sont pas réunies pour que la relève vienne s’établir ici. Il faut que les gens puissent vivre de l’agriculture et que les producteurs d’ici puissent acheter des terres », a dit M. Vachon.