Vie rurale 10 mai 2018

L’abbaye d’Oka mettra le patrimoine agricole en valeur

Les nouveaux propriétaires de l’abbaye d’Oka comptent développer le plein potentiel agricole du site de quelque 265 hectares, en hommage à l’œuvre des pères trappistes, et promettent d’offrir du nouveau aux touristes d’ici et d’ailleurs.

La transaction de 5,5 M$ a été conclue le 4 mai entre la Corporation de l’abbaye d’Oka – qui était propriétaire du site depuis plus d’une décennie –, le Groupe Connexion spécialisé dans le transport et la production maraîchère ainsi que la firme immobilière Tridan.

Actionnaire majoritaire du projet, le président du Groupe Connexion, Daniel Bérard, avait approché la Corporation il y a environ trois ans dans l’espoir d’exploiter les terres pour la division Vegkiss, chef de file dans la production de brocolis et de choux-fleurs.

Avant même que la transaction soit conclue, le groupe avait obtenu une entente pour lancer la saison de culture 2018. Ainsi, des pommes de laitues romaines et iceberg, des brocolis et des choux-fleurs poussent déjà sur le site depuis le 15 avril. Compte tenu de la qualité du sol et de la position du terrain en pente vers le lac des Deux-Montagnes, ce sont « des terres rêvées pour les légumes », estime M. Bérard.

Vegkiss prévoit investir dans les travaux de drainage et d’amélioration des sols opérées par les frères Normand et Jonathan Saint-Denis. La division possède aussi 15 000 érables sur le site.

Les nouveaux propriétaires planifient de récréer les jardins anglais de 1912 sur le site de l’abbaye d’Oka. Crédit photo: Gracieuseté du Groupe Connexion
Les nouveaux propriétaires planifient de récréer les jardins anglais de 1912 sur le site de l’abbaye d’Oka. Crédit photo: Gracieuseté du Groupe Connexion

Berceau agricole

« On tient à ce que l’entité demeure agricole. Les pères avaient le privilège de posséder les meilleurs sols dans la région. On veut leur redonner leurs lettres de noblesse », poursuit l’entrepreneur, rappelant que le site de l’abbaye d’Oka est le berceau de l’agriculture au Québec.

Vegkiss, qui compte déjà 6 000 acres en culture à Joliette et à l’Île-du-Prince-Édouard, pourra désormais bénéficier de quatre ou cinq semaines de production supplémentaires avec le site d’Oka, puisque les périodes d’ensemencement et de récolte y sont différentes.

M. Bérard songe également à démarrer une pépinière agroalimentaire sur le site, promettant de donner un « sérieux coup de main » à tout entrepreneur qui souhaite se joindre au projet.

Destination familiale

Les nombreux cyclistes qui ont l’habitude d’emprunter les 35 km de sentiers qui traversent les terres de l’abbaye d’Oka peuvent dormir tranquilles. « On ne veut pas empêcher les gens de circuler », assure M. Bérard.

Ce dernier espère même qu’ils s’arrêteront en chemin pour profiter des lieux. Car en plus de restaurer les bâtiments de ferme, l’homme d’affaires projette de récréer les jardins anglais du site à l’image de ceux que nos ancêtres pouvaient admirer en 1912.

M. Bérard veut faire de l’endroit une véritable destination pour toute la famille. Cette volonté s’harmonise avec les projets de son partenaire, Alexandre Triquet de la firme Tridan. Les copropriétaires veulent offrir davantage de produits du terroir au Magasin de l’Abbaye et développer des produits spécialisés en partenariat avec des vignerons et des brasseurs de la région.

Entre autres projets, la firme envisage de bonifier l’offre d’hébergement actuelle et de recréer l’univers d’Harry Potter en proposant un camp de vacances.

La petite histoire des trappistes

La première école d’agriculture a été fondée par les pères trappistes en 1890 dans un monastère en bois. Le nouveau bâtiment abrite maintenant l’École secondaire d’Oka.

Dans les années 1920, les trappistes ont réussi à créer la poule Chantecler, une race vigoureuse qui résiste bien aux hivers québécois. Ils ont aussi mis en marché le célèbre fromage d’Oka avant de vendre la fromagerie à Agropur en 1974. Les moines continuent tout de même de vendre le réputé fromage au Magasin de l’Abbaye en plus des produits dérivés de la pomme et de l’érable.

« Il y a une histoire qu’on doit préserver. Ne pas le faire serait un péché », conclut sur un ton léger Daniel Bérard, du Groupe Connexion.