Les premières années de cohabitation avec les cyclistes n’ont pas toujours été simples pour le producteur Sylvain Duquette, qui exploite une ferme laitière à Sainte-Claire, dans Chaudière-Appalaches. Mais après quatorze ans à côtoyer la Cycloroute de Bellechasse, qui passe entre son étable et ses champs, l’agriculteur a fini par y trouver des avantages.

Il témoigne de son expérience à la suite d’un article paru récemment dans La Terre qui racontait l’histoire d’un couple d’agriculteurs inquiets qu’une piste cyclable traverse bientôt sa ferme.

M. Duquette s’est voulu rassurant en signalant qu’il n’a eu à faire face qu’à un seul incident majeur en 14 ans quand une cycliste a fait une plainte au ministère de l’Agriculture du Québec parce qu’elle avait remarqué que les veaux installés dehors n’avaient plus d’eau. Pour le reste, il dit avoir « fini par s’habituer » aux cyclistes, bien que la situation ne lui plaisait guère au départ. « J’aurais aimé mieux ne pas avoir de piste, mais j’ai compris que je n’avais pas vraiment le choix et aujourd’hui, ça ne me dérange plus vraiment », confie-t-il dans une entrevue accordée à La Terre.

Au contraire, il trouve même des côtés positifs à ce contact qu’il peut avoir avec les citadins. « Souvent, des gens s’arrêtent avec leurs enfants pour regarder les taures, ou d’autres regardent comment je fais pour ensacher mes balles de foin. C’est une bonne manière de se rapprocher d’eux. Et pour nous, ce n’est pas négatif de voir un peu de monde », estime-t-il. Seul bémol : les week-ends de beau temps amènent un flot de cyclistes assez impressionnant sur la piste. « Il faut faire plus attention quand on traverse avec le tracteur », dit l’agriculteur.

Zone de cyclotourisme agricole

L’ancien maire de Saint-Anselme, Michel Bonneau, est l’un des fondateurs de cette piste cyclable de Bellechasse, qui traverse les champs de M. Duquette.  Il se rappelle qu’à l’époque, quand le projet était sur les planches, plusieurs agriculteurs étaient mécontents. « L’un d’entre eux a même déversé du fumier de chaque côté de la piste pour embêter les cyclistes lors de la journée d’inauguration », se remémore-t-il en riant. Néanmoins, il observe depuis quatorze ans que les cyclistes sont, en grande majorité, très respectueux. « Il y en aura toujours un de temps en temps qui va dans le champ ou qui vole une carotte, mais je pense qu’en général, la frustration du début, pour les agriculteurs, est passée. »

Certains ont même saisi la balle au bond en transformant le tronçon de piste qui traverse leurs champs en zone de cyclotourisme agricole. « Ils ont installé des pancartes qui expliquent le type de cultures de chacun de leurs champs », rapporte M. Bonneau. 

Ce texte fait écho au texte Un projet de piste cyclable entre une étable et le champ des vaches, publié dans La Terre de chez nous du 12 mai 2021.