Vie rurale 19 septembre 2014

Guillaume Carle va rencontrer l’UPA

ef7d073a7f51d244051029d94fe833ac

Les cinq agriculteurs aux racines autochtones qui contestent le passage du pipeline d’Ultramar sur leurs terres ne céderont pas pour une question d’argent.

« Je ne veux pas plus d’argent, ce n’est pas une question d’argent », a déclaré à la Terre Martin Scott, le porte-parole du groupe, le 15 juillet.

Le grand chef Guillaume Carle, qui a accepté d’être médiateur dans cette affaire, en est convaincu lui aussi : « Je n’ai aucun doute sur les racines autochtones de ces agriculteurs, a-t-il dit à la Terre. Ça n’est pas une question d’argent. Ils pensent en autochtones. C’est une question de principe, de respect de la Terre mère. » Il n’est donc pas question de surenchère monétaire comme avenue possible pour convaincre ces ultimes résistants de céder le passage au pipeline, une approche d’ailleurs jugée inopportune par Ultramar pour des raisons d’équité à l’égard des autres signataires.

Le médiateur, Guillaume Carle, rencontrera Pierre Lemieux, 1er vice-président de la Confédération de l’UPA, le 20 juillet prochain, à 11 h 30. « L’UPA est un acteur incontournable dans ce dossier, vu sa préoccupation de faire en sorte que le territoire agricole soit le moins affecté possible », a-t-il dit.

À l’UPA, on confirme que la rencontre aura lieu, à la demande de M. Carle, au nom des cinq agriculteurs, et que des gens d’Ultramar doivent aussi y participer. L’UPA considère toutefois que son implication dans ce dossier est plutôt derrière elle. Son rôle consistait à négocier une entente-cadre avec Ultramar, pas de s’immiscer dans la décision de chaque agriculteur par rapport à ce projet. Selon M. Carle, « Ultramar risque de paraître de mauvaise foi si elle refuse la proposition très acceptable élaborée par les cinq contestataires ».
Cette affaire sème la bisbille au sein des autochtones. Les agriculteurs ont reçu l’appui du grand chef de la Confédération des peuples autochtones du Canada, Guy Frigon. Mais le grand chef de la nation huronne-wendate, Konrad Sioui, émet des doutes sur la légitimité de M. Carle et conteste l’approche des agriculteurs, qui nuit à la cause autochtone.

L’agriculteur Martin Scott, qui se bat depuis six ans devant les tribunaux, ne veut pas de pipeline sur ses terres en raison des déversements survenus un peu partout, qui mettraient en péril sa sécurité personnelle et familiale ainsi que son gagne-pain. Il a émis des doutes sur la crédibilité de l’équipe d’experts qu’Ultramar veut constituer pour cette médiation. Il se dit déçu d’avoir constaté que « mon syndicat [UPA] est contre moi » devant les tribunaux.

Rappelons que les cinq opposants faisaient partie de l’aPaf, un groupe d’une cinquantaine de propriétaires fonciers qui avaient embauché Me Guy Bertrand pour les défendre contre la pétrolière devant les tribunaux. En janvier dernier, ces cinq agriculteurs étaient les seuls à n’avoir pas l’entente à l’amiable survenue avec Ultramar. M. Scott trouve d’ailleurs louche la clause qui enjoint les signataires à ne pas dévoiler son contenu, ni à contester des décisions antérieures d’instances comme la Commission de protection du territoire agricole du Québec, ni de soutenir financièrement ceux qui désireraient poursuivre la bataille.

Ultramar a conclu des ententes avec la quasi-totalité des 865 propriétaires terriens visés par ce projet évalué à 370 M$ et qui s’étend sur 240 kilomètres entre Lévis et Montréal. Les travaux de construction ont débuté sur une bonne partie du tracé.