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BROMONT – Un couple de Bromont, propriétaire d’une grange ancestrale construite à la fin des années 1800, a décidé il y a un an d’investir dans la rénovation du bâtiment même s’il n’a plus d’utilité.
« C’est clair que c’est un investissement qui ne rapporte rien. Nous aurions pu mettre cet argent dans un voyage, confie Pauline Quinlan, propriétaire des lieux avec son conjoint Patrick Quinlan, dont la famille d’origine irlandaise a fait l’acquisition de la ferme en 1915. On est bien conscients qu’il y a des bâtisses agricoles qui tombent en ruine parce que leurs propriétaires n’ont pas les moyens ou l’intérêt de les rénover. Mais pour nous, c’était important pour notre famille, pour l’histoire et pour la communauté, car l’étable participe au paysage. Il y a d’ailleurs beaucoup de cyclistes qui passent ici », signale Mme Quinlan, qui a été mairesse de Bromont pendant 19 ans.
Leur étable fait partie d’un répertoire de bâtiments agricoles d’intérêt patrimonial réalisé par la firme Patri-Arch pour le compte de la Ville de Bromont. Cela leur a permis d’avoir accès à une subvention municipale de 10 000 $ pour réaliser des rénovations qui se sont jusqu’ici élevées à un total de 20 000 $. Mme Quinlan spécifie qu’il reste encore « quelques milliers de dollars à mettre » pour faire d’autres petites choses, comme la solidification des deux silos en bois qui distinguent la grange.
Devant la menace d’effondrement
Pour d’autres, comme Dwight Cullen, un producteur de grandes cultures établi à Howick en Montérégie, la démolition représente la seule option. L’une des deux vieilles étables dressées sur sa terre s’est effondrée sous le poids de la neige l’hiver dernier et pour éviter que la seconde subisse le même sort, il a fait appel au démolisseur David Rémillard pour récupérer le bois et le métal du bâtiment il y a quelques semaines. « J’ai payé des taxes si longtemps, même si elle ne servait plus », signale le producteur.
Il s’est résolu à la démolir même si l’étable racontait une histoire chère pour la famille de M. Cullen. « À l’époque, on en avait même parlé dans les journaux. Mon père avait acheté la grange d’un voisin et l’avait transportée jusqu’ici en la plaçant sur de gros billots de bois et en la tirant avec un bulldozer sur les champs gelés, pendant l’hiver, comme sur des skis », se remémore-t-il en regardant avec émotion l’article de journal préservé dans une enveloppe plastifiée.
Conseils pour trouver preneur
Des planches « trop minces ou qui sont usées sur les côtés » sont d’emblée mises de côté par Michel Laferrière, un ébéniste de Magog, en Estrie, qui se spécialise dans la transformation de bois de grange pour un marché haut de gamme de meubles, d’escaliers ou de revêtements d’habitation. « J’achète à peine 10 % de ce qui m’est proposé », dit-il.
Ce bois lui est vendu par des démolisseurs de granges, mais parfois aussi par les agriculteurs, qui démantèlent eux-mêmes leurs vieux bâtiments de bois. « Je crois qu’avant de se lancer dans un tel projet, les agriculteurs devraient faire évaluer leur bâtiment pour savoir si le temps qu’ils devront y mettre en vaut vraiment la peine », prévient l’ébéniste d’expérience, qui a été l’un des premiers à exploiter le marché du bois de grange il y a 25 ans.
Selon lui, l’intérêt [et donc la valeur] pour le bois de grange a commencé à décliner il y a environ cinq ans. « Une question de mode », affirme-t-il, mais aussi « de surabondance dans le marché, où l’on trouve de plus en plus d’imitations de bois de grange fabriquées avec du bois neuf ».