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Depuis cinq ans, je vivais avec le fait que ma belle blondinette avait une peur bleue des vaches, une horreur avouée de l’étable et de tout ce qui venait avec…
Il y a quelques mois, alors que je me préparais à retourner faire la traite après le souper, accompagnée de sa grande sœur et son petit frère, je l’ai entendue murmurer à sa sœur : « Aujourd’hui, je vais aller me pratiquer à ne plus avoir peur des vaches. »
Je n’ai rien dit, complètement estomaquée. J’attendais. Sa sœur lui a fait remarquer qu’elle n’avait pas de vêtements pour l’étable. C’est dire à quel point elle n’aimait pas ça; on n’avait même jamais pris la peine de lui trouver des vêtements d’étable, alors que son frère et sa sœur en avaient chacun plusieurs ensembles.
Mais ma cocotte a répété sa volonté de venir à l’étable elle aussi ce soir-là. On s’est activés, papa et moi, pour lui trouver des vêtements à sa taille dans les piles de vêtements usagés donnés par mes cousines. Je n’y croyais pas, je me répétais que je faisais ça pour rien… Ma fille de cinq ans venait de décider, par elle-même, de vaincre ses plus grandes peurs. Elle allait, de son propre gré, se plonger dans ce qui la terrorisait jusqu’à la faire trembler à seulement en parler quelques semaines auparavant. Elle faisait preuve, à seulement cinq ans, d’un courage que peu d’adultes ont…
C’est en famille, pour la première fois depuis au moins trois ans, que l’on s’est rendus à l’étable ce soir-là. Papa est resté avec elle, et elle a découvert avec plaisir, accompagnée de son frère et sa sœur, notre monde. Elle a posé des dizaines de questions, on se serait cru avec une petite fille « de la ville », qui découvrait la ferme pour la première fois! Elle s’est amusée dans la paille, a nourri les veaux et les taures… et est revenue le lendemain, et plusieurs fois depuis!
On ne l’a jamais forcée à entrer dans l’étable, et on continue de cette façon. Parfois, elle vient avec nous, parfois, elle demande à rester à jouer dans le bureau, et nous respectons ses envies. Il lui arrive même d’aller se changer à la maison alors qu’elle allait aux toilettes, et venir nous retrouver toute seule à l’autre bout de l’étable… Elle nous impressionne à chacune de ses visites, repoussant par elle-même un peu plus ses limites à chaque fois.
Belle blonde d’amour qui n’a décidément pas fini de nous surprendre… Il n’y a aucune maman plus fière que moi, à chaque fois où je te vois, si fière de toi, t’avancer devant les taures…
Cynthia Coulombe, Agrimom