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Voici trois agricultrices émérites qui, loin de se laisser abattre par leurs difficultés professionnelles, ont réussi à faire preuve de résistance devant des situations d’inégalité ou des comportements sexistes. Elles en retirent de grandes leçons pour la relève d’aujourd’hui.
France Lamonde se souvient de ses premières rencontres avec d’autres producteurs dans sa région, au début des années 1990. « C’était toujours les gars qui parlaient entre eux. On avait l’impression d’être de trop, nous, les femmes », raconte-t-elle, visiblement agacée.
L’impression de déranger est familière à Marie-Jeanne Bélanger, qui a souvent eu droit à son lot de malaises devant le public. « J’essayais de donner de la formation et il y a des hommes qui me disaient : »Retourne donc à tes casseroles » ou »On va lui remettre son tablier, à celle-là!’’ » Bien que peu nombreuses, certaines femmes n’étaient pas d’accord avec son approche indépendante et entreprenante, l’accusant de vouloir « causer des divorces ».
L’agricultrice se consolait en se répétant que personne ne comprenait ses démarches. « Mon but, ce n’était pas d’enlever la place à quelqu’un, c’était de prendre ma place. »
Guylaine Bergeron en sait quelque chose, puisqu’elle est entourée d’une majorité d’hommes dans certains comités. « On a encore du travail à faire sur notre confiance en nous. On se sent moins compétente. Il faut réussir à faire sa marque », soutient celle qui veut stimuler la participation des femmes aux conseils d’administration.
Conciliation travail-famille
Mais encore faut-il que les femmes puissent avoir le temps et l’énergie pour se démarquer. « En me retrouvant seule après le décès de mon mari, il a fallu que je me rebâtisse. J’ai dû me fixer de nouveaux objectifs en fonction de ce que je voulais », confie Mme Bergeron, qui est mère de trois enfants. Dans les circonstances, ce n’était pas évident d’assurer une présence constante à la maison.
« C’est toujours plus dur de s’impliquer pour les femmes, lance France Lemonde d’un ton convaincu. C’est plus facile pour les hommes de se libérer. Les femmes vont toujours soutenir leurs conjoints. Ce n’est pas réglé, cette partie-là. »
Si elle croit que la nouvelle génération compose mieux avec cette réalité, Mme Bélanger estime que l’équité salariale pose encore problème, même si beaucoup de femmes bénéficient de certaines batailles remportées par nos prédécesseures. « Ma mère a tracé le chemin devant moi, car elle voulait des biens à son nom. Elle voulait être reconnue. Quand j’étais jeune, je trouvais ça drôle! Mais en grandissant, j’ai compris pourquoi », révèle France Lamonde.
L’agricultrice a tout de même eu recours à l’aide de son père producteur pour obtenir un prêt, car on exigeait la signature de son mari. Une situation similaire à celle de Marie-Jeanne Bélanger, qui tenait à s’affranchir de cette règle, coûte que coûte. Aujourd’hui, le vent semble avoir tourné en sa faveur, si bien qu’elle donne au suivant. « Il y a des hommes qui m’appellent pour avoir de l’information sur la production au Nouveau-Brunswick. Ils me contactent lorsqu’ils ont besoin d’être aiguillés dans des décisions », se réjouit-elle.