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Le risque d’incendie de bâtiments agricoles représente une source d’inquiétude pour bon nombre d’agriculteurs. Si le grand responsable est souvent l’électricité, les technologies récentes d’automatisation parviennent à détecter les anomalies et à corriger le problème.
Qui plus est, dans le feu de l’action, le producteur « allumé » constate que l’appareillage installé qui l’avertit d’une défaillance électrique permet non seulement de corriger la défectuosité sur-le-champ, mais constitue aussi un atout pour la réduction des arrêts de production et l’atteinte d’une meilleure efficacité opérationnelle.
Selon les données officielles, plus de 30 % des incendies de ferme surviennent à la suite d’un bris électrique. Toutefois, environ 40 % des feux de bâtiment sont de cause inconnue et on comprend que le facteur électricité est le plus souvent en cause. « La prévention suppose de bien connaître son réseau électrique permettant la détection des défauts, estime Pierre-André Meunier, cofondateur et président de PrevTech Innovations. L’acte de prévention se retrouve uniquement dans la mesure corrective apportée à la situation. C’est comme aller chez le médecin, obtenir un diagnostic, mais ne pas suivre ses prescriptions. »
Ces équipements automatisés s’adressent principalement aux propriétaires de fermes laitières (présence d’humidité, charges lourdes, foin et paille [inflammables], etc.), porcines (corrosion par l’ammoniac, taux d’humidité élevé, fils de cuivre oxydés ou noircis, etc.) et avicoles (système de chauffage, gaz dans le plancher [ripe], etc.).
Entre neutre et terre
Un dérèglement électrique (ou « fuite de courant », « perte électrique ») se manifeste lors d’une déperdition de courant vers la terre ou des éléments conducteurs comme l’eau et le métal. Le courant s’échappe de façon anormale à travers le mauvais canal. En plus de constituer un risque de feu, le phénomène entraîne une surconsommation d’énergie.
« Le courant cherche toujours à prendre le chemin le plus court, explique François Routhier, copropriétaire et directeur en recherche et développement chez Monitrol. Ainsi, si vous avez un équipement défectueux ou qui arrive en fin de vie utile (moteur, ventilateur, pompe, génératrice, système d’éclairage, etc.), le courant fuira par la mise à la terre ou les conducteurs qui l’entourent. »
Ces pertes d’énergie ou mauvais contacts engendrent une surtension sur le tableau électrique forçant l’appareil à « stopper » la diffusion du courant. Ainsi, le module lecteur a à l’œil le courant de fuite total des équipements défectueux et la température des composantes électriques.
« Le disjoncteur est oxydé à l’intérieur et si son mécanisme ne fonctionne pas correctement, il ne peut détecter les fuites qui engendrent une surtension sur le tableau, précise M. Routhier. Ce défaut génère de la chaleur et la sonde vient nous en prévenir. »
Facilité d’installation
Plusieurs firmes effectuent une installation simplifiée – nul besoin de retirer les fils du panneau – au moyen de la sonde en forme de beigne (« split core »). De son côté, le système FarmGuard de Monitrol peut relier jusqu’à 8 panneaux électriques et 64 points de lecture pour faciliter le repérage d’équipements défectueux. On sauvegarde dans la mémoire du FarmGuard, un outil de collecte de données, les paramètres mesurés par les modules lecteurs. On enregistre pour chaque heure les lectures moyennes, minimales et maximales. « L’heure exacte de la pointe maximale de la journée est enregistrée, ce qui permet d’avoir un suivi et une évaluation précise de l’utilisation de l’énergie à la ferme, ajoute M. Routhier. Il est aussi possible d’obtenir des rapports détaillés et personnalisés et des graphiques par l’intermédiaire du service FarmQuest. » Enfin, pour plus de sécurité, en cas de dysfonctionnement d’un capteur ou d’une sonde, on a prévu le coup et intégré au moniteur un dispositif d’autovalidation (détecteur d’activité).
Le seuil critique
En plus de lire en temps réel tout dérèglement électrique, MAXIMUS Prévention, une entreprise qui possède plus de 30 ans d’expérience en automatisation, permet de monitorer l’écart entre la température ambiante de la pièce et celle du tableau électrique.
Avec un accès à distance, on peut joindre le module pour un diagnostic rapide à l’origine du problème, via une tablette par exemple. On peut relier jusqu’à 100 panneaux électriques. L’ensemble des équipements connectés représentent des points de lecture et de repérage des anomalies. « Si la différence de température est de 20 °C ou plus, le problème doit être traité immédiatement, avertit M. Huntington, représentant des ventes chez Maximus. On programme ce différentiel par défaut. Toutefois, cette valeur est ajustable selon les exigences des compagnies d’assurance. Le module de surveillance effectue la lecture du courant qui passe et du courant qui revient par le neutre. Si ce différentiel est plus élevé que 500 milliampères, la situation indique que le réseau électrique a une défaillance considérable et l’alarme sera déclenchée. »
L’agriculteur a accès à distance au tableau de bord de surveillance électrique qui lui offre une vision globale de l’indice de risque. Des alarmes instantanées sont envoyées par SMS, courriel et en option par ligne téléphonique. « Il est essentiel d’intervenir rapidement, rappelle Michael Huntington. Notre solution offre le pouvoir d’accélérer l’intervention, l’accès à distance et les séquences d’appels selon un ordre établi de destinataires. On a également une programmation possible pour faire arrêter les équipements. »
De plus, l’interface est configurable et multilingue (9 langues) pour tenir compte de la présence de travailleurs étrangers dans les fermes.
Fausses alertes
De son côté, le système PrevTech a été testé durant 20 mois avant son lancement afin de déterminer les seuils, le moment pour lever le drapeau rouge ainsi que la détection de l’échauffement dans les panneaux électriques.
Puisque trop de fausses alarmes risquent d’entraîner un débranchement du module par les utilisateurs, on utilise un algorithme pour identifier les situations où des risques sont présents. « Le producteur peut connaître à l’avance l’équipement défectueux et prendre les mesures correctives qui s’imposent, illustre le président de PrevTech. Dans plusieurs cas, on évitera simplement les désagréables conséquences d’un arrêt d’opération. »
Enfin, les systèmes sont indépendants de l’infrastructure Internet de la ferme et seraient à l’abri des cyberattaques.
Une fois les appareillages d’automatisation mis en place et fonctionnels, on se rend compte que la gestion de la prévention entraîne une réduction des pertes et une meilleure productivité, au contraire des arrêts de production et de la perte de revenus et d’emplois qui pourraient survenir à la suite d’une catastrophe.
L’assureur, « de mèche » avec le producteur
Ces nouveaux moyens de prévention permettent aux agriculteurs de se mettre à l’abri des risques contrôlables. Les compagnies d’assurance offrent déjà des réductions de primes et autres bénéfices aux agriculteurs qui passent à l’action. Loin d’être un écran de fumée, ces innovations apportent des bénéfices économiques palpables au milieu agricole.
Roger Riendeau, collaboration spéciale