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SAINT-MICHEL — Recevoir le prix Entrepreneure de l’année a été un levier pour l’agricultrice Catherine Lefebvre qui a non seulement gagné une distinction, mais aussi « le respect » dans un milieu essentiellement composé d’hommes.
Lorsque la productrice maraîchère de Saint-Michel a remporté ce titre au Gala Saturne, en octobre dernier, « ç’a été une belle tape dans le dos », lance-t-elle avec fierté. Elle avait d’abord été désignée lauréate régionale lors du Gala Hommage aux agricultrices de la Montérégie-Ouest. « Il y avait plusieurs femmes avec un solide bagage. Être celle qui allait vers la nomination provinciale, c’était vraiment quelque chose », admet-elle humblement.
Cette marque de reconnaissance l’a même amenée à avoir de meilleures relations de travail. « Ce que je pensais du milieu avant est différent d’aujourd’hui. J’ai trouvé le respect et j’ai eu beaucoup de bons commentaires des hommes et des femmes de mon entourage. »
« Ça m’a vraiment beaucoup aidée à prendre confiance », renchérit-elle.
À l’aube de ses 30 ans, Mme Lefebvre a été interpellée par la gestion d’entreprise. Après avoir démarré sa propre exploitation de transplants en 2006, elle s’est associée avec son mari et a créé Les Maraîchers L & L.
C’est elle qui s’occupe principalement des ventes et des livraisons. Au début, lorsqu’elle se rendait sur les quais de chargement de ses clients, « ils trouvaient ça bizarre, se souvient-elle. C’est là que j’ai fait ma première marque; ç’a changé les rapports avec certaines personnes ».
Défricher le chemin
Cette situation était loin de la décourager, au point où elle s’est également lancée en politique dans sa municipalité. « En 2013, j’étais la première femme élue à Saint-Michel, tous postes confondus. Et je suis encore toute seule », -mentionne-t-elle avec un certain mélange de fierté et de déception.
« À Saint-Michel, c’est un milieu très masculin. Tous ceux qui se démarquent [en politique et en agriculture] sont des hommes. Il y a très peu de femmes à l’avant-plan », souligne Mme Lefebvre.
Cette dernière déplore que certaines responsabilités soient encore trop associées aux productrices, comme le plan d’emballage ou la comptabilité. Mais cela est appelé à changer, estime-t-elle en observant la relève à l’œuvre.
« Ma petite voisine est aux études en agriculture et je la vois progresser. Elle conduit les grosses machineries et je trouve ça tellement beau de la voir aller! »
« On est capables de tout faire. Il faut juste avoir la confiance et le vouloir », conclut-elle.