Vie rurale 5 janvier 2023

Entre la ferme et un cimetière de Montréal

Drew Charles caresse le rêve de démarrer son élevage de bovins de boucherie. Cet amoureux des vaches prévoit toutefois continuer de partager son temps entre la ferme et le cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal.

Drew Charles est déterminé à démarrer sa ferme. La Terre l’a rencontré à l’événement Congrès Bœuf, au début octobre, alors qu’il se renseignait sur l’optimisation des pâturages. En décembre, ce jeune de 27 ans, qui travaille également comme ouvrier agricole dans une ferme laitière de Mirabel, dans les Laurentides, prévoyait retourner sur les bancs de l’école au mois d’août 2023 pour suivre une formation en démarrage d’entreprise agricole au Centre de formation agricole de Mirabel. « Il y a des cours pour t’aider à bien partir avec des mentors, pour vraiment ne pas sauter d’étape, parce que c’est dispendieux se partir en agriculture et avec les bovins, j’ai l’occasion de pouvoir continuer de travailler ailleurs et de partir mon troupeau », indique ce dernier.

Le « ailleurs » auquel il fait référence, c’est son emploi en entretien paysager au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal. « Je coupe du gazon », indique-t-il en précisant qu’après trois ans au service du cimetière, celui qui travaillait dans des fermes laitières depuis l’âge de 13 ans s’est rendu compte qu’il s’ennuyait de l’agriculture. Mais avec son projet de ferme, qui ne sera pas rentable avant quelques années, ce sont principalement le salaire et les avantages sociaux qui motivent Drew à maintenir son lien d’emploi : un emploi saisonnier à quatre jours par semaine, syndiqué, avec des vacances payées, des assurances et un fonds de pension.

Attaché au secteur laitier

Drew pense bien quitter le cimetière un jour pour s’occuper à 100 % de sa ferme, mais par amour pour le secteur laitier, il ne délaissera pas la traite des vaches. Pourquoi ne pas se lancer en production laitière dans ce cas? « À cause des coûts. C’est vraiment coûteux, le laitier, et si tu compares le laitier au bovin, c’est beaucoup de responsabilités. Les bovins, tu vas les nourrir une fois par jour et les nettoyer s’ils ne sont pas aux pâturages, mais s’ils le sont, tu vas les checker. Tandis que le laitier, c’est deux fois par jour, sept jours sur sept, et souvent, tu passes la journée à l’étable pour faire tout l’ouvrage », mentionne-t-il. Il suivra donc les traces de son père, qui a lui-même effectué la traite des vaches longtemps tout en travaillant dans le domaine de la construction.

À la ferme laitière où il travaille actuellement, le patron de Drew n’a pas de relève. Ce dernier lui loue depuis quelque temps l’étable froide dont il ne se sert plus et insémine ses vaches laitières Holstein avec des embryons Angus, une race de bovins de boucherie. « J’ai l’occasion de garder les croisements Angus-Holstein pour éventuellement vendre les veaux et récolter l’argent pour me partir avec des races pures de boucheries comme des Angus pures ou des Charolaises pures », dit Drew Charles. Son patron se garde toutefois une partie de l’argent pour rentrer dans ses frais, puisqu’il permet à Drew de nourrir les veaux avec son ensilage de maïs et d’utiliser sa machinerie. « Je pense que c’est dans sa nature à lui d’aider. Je l’aide, alors il m’aide. C’est une bonne personne », souligne-t-il, reconnaissant. 

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