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Ninon Delude, Agricultrice de passion 2010, possède un cœur immense. Un cœur assez gros pour élever 12 enfants et se consacrer à temps plein à la ferme familiale.
Ninon a grandi à la campagne, dans une famille de gentlemen-farmers. « Nous avions des poules, deux vaches et un cochon pour avoir du lard à manger », se rappelle la quatrième de neuf enfants. Très tôt, elle prend goût à la routine de la ferme. « Nous nous levions à 5 h 30 pour tirer les vaches et faire boire le veau avant d’aller à l’école », raconte-t-elle. La jeune fille de Lefebvre, dans le Centre-du-Québec, sait très tôt qu’elle veut faire sa vie sur une ferme et y élever sa marmaille « parce que ça fait des enfants débrouillards. Je voulais marier un agriculteur. Quand je dansais des slows, je demandais à mon cavalier s’il vivait sur une terre. Je faisais une sélection! » sourit Ninon. Elle rencontre finalement son prince charmant, Pierre Labonté, jeune producteur laitier de Saint-Germain-de-Grantham.
Aux commandes de la ferme familiale des Labonté, les nouveaux mariés amorcent le transfert de la race Jersey vers un troupeau Holstein. Pierre s’amuse en engraissant une centaine de veaux par année. Devant l’ampleur des investissements pour poursuivre en production laitière, Ninon et Pierre se tournent plutôt vers le veau de grain. Ils repartent donc en neuf en 1992, sans savoir qu’une épidémie de BVD, une maladie virulente, va décimer leur cheptel de veaux. « Nous avons regretté nos vaches laitières, se rappelle Ninon. Mais mon père nous a toujours dit que si tu ne veux pas perdre d’animaux, t’as juste à ne pas en avoir », philosophe-t-elle. Fort heureusement, aujourd’hui, ces problèmes font partie du passé. Leur ferme met actuellement en marché 1300 veaux/année et se spécialise aussi dans les grandes cultures biologiques. La Vallée de la bonté cultive 750 acres (304 hectares) en soya, maïs et grains mélangés (avoine, orge, blé, pois).
Maman à temps plein
Le plus grand accomplissement de Ninon n’est toutefois pas l’entreprise bâtie avec son conjoint, mais plutôt sa famille de… 12 enfants, dont 3 couples de jumeaux! « J’avais de belles grossesses. Pour mes premiers jumeaux, j’ai fait la traite jusqu’à la fin. J’avais de la misère à me relever entre chaque vache et nous avions de petites Jersey! » blague Ninon. Cette dernière est habituée au regard ahuri des gens lorsqu’elle défile les noms de toute sa marmaille. Ainsi, Josiane, 27 ans, est vétérinaire, Jacinthe, 26 ans, est policière, et son frère jumeau, Michel, représente la quatrième génération de Labonté sur la ferme. Nicole, 23 ans, est diplômée en Techniques équines, tandis que Marie-Pier, 21 ans, revient d’un séjour d’un an et demi aux États-Unis, où elle a été entraîneuse de chevaux. Elle entamera des études en Gestion et exploitation d’entreprise agricole cet automne. Jean-Paul, 19 ans, est soudeur de profession. Les jumeaux Henri et François, 17 ans, se dirigent au cégep. Henri se destine à la médecine tandis que François a choisi d’étudier en aéronautique. Finalement, Hélène, 15 ans, poursuit ses études secondaires alors que Norma et Hubert, 10 ans, puis la petite dernière Céline, 8 ans, sont encore à la « petite école ». Et selon leur mère, ils sont tous travaillants. Il faut dire que les pommes ne sont pas tombées loin de l’arbre. « Les enfants nous ont toujours vus aller. Ils ont appris par l’exemple que si tu ne fais rien, tu n’as rien », estime Ninon.
Ses nombreuses grossesses et toute l’attention à prodiguer à sa progéniture ne l’ont jamais empêchée de s’activer à temps plein dans l’entreprise et dans la maison. « Les bébés avaient une semaine et j’étais à l’étable avec le “carrosse” et j’allaitais », décrit Ninon. Cette véritable dynamo, qui ne s’assoit pas longtemps dans une journée, vit au jour le jour. « Nous avons de l’ouvrage, mais l’ouvrage ne fait pas mourir. Il faut profiter du bon temps au fur et à mesure qu’il passe », affirme-t-elle. C’est ainsi que l’agricultrice a recommencé à pratiquer le baseball, il y a maintenant 14 ans. « C’est sacré, une fois par semaine. Quand j’avais les bébés, j’allaitais entre les manches! »
Amateur de chevaux, Ninon en possède dix de la progéniture d’Éclaire, décédée l’an dernier à 32 ans, qui leur a donné neuf rejetons. « Mon père ramenait des chevaux de l’encan. Nous fabriquions une bride et des guides en corde de balle. Nous nous amusions avec. Nous n’avions même pas de selle », se remémore la quinquagénaire. Une fois le cheval bien docile, son père le revendait et en ramenait un autre. Cet amour des chevaux, Ninon l’a à son tour transmis à ses enfants. Josiane pratique la médecine équine, Nicole donne des cours d’équitation, Marie-Pier est entraîneuse de chevaux alors que Céline, le bébé de la famille, fait des compétitions à cheval.
Ninon trouve aussi le temps de s’occuper de sa vache Monica, de fabriquer son yogourt et son fromage ainsi que d’élever des poulets avec l’aide de ses enfants. Des enfants heureux et débrouillards qui comblent de joie cette maman. « La vie est belle pour eux. Aujourd’hui, ce sont les petits-enfants qui arrivent. C’est encore plus beau. » En effet, Ninon a passé le flambeau. Son aînée, Josiane, est maman d’un premier poupon de quelques mois. Quant à savoir si ses petits-enfants seront aussi nombreux, c’est une autre histoire!