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BAIE-COMEAU – Le Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale (CEDFOB) continue ses recherches en vue d’améliorer la pollinisation des cultures dans les régions nordiques. Ruches mobiles et engrais verts pourraient représenter des pistes de solutions.
« L’abeille domestique est moins adaptée aux conditions nordiques qu’on a ici, sur la Côte-Nord, avec des hivers très froids et de courtes saisons estivales, et bien que les pollinisateurs sauvages soient présents, ils ne sont pas suffisants pour une pollinisation efficace », explique la chercheuse Ève-Catherine Desjardins. C’est la raison pour laquelle le centre de recherche affilié au cégep de Baie-Comeau travaille depuis plusieurs années à développer une régie de pollinisation mieux adaptée aux productions fruitières de climat froid, telles que le bleuet, la chicouté, l’airelle et la camerise. Deux nouveaux projets occupent les chercheurs depuis les derniers mois.
« La ruche mobile nous a été inspirée par quelque chose qui se fait déjà dans le nord de l’Europe et en Russie. Les plans ont été élaborés par le professeur Bruno Cousin, et maintenant, on commence à la construire. Il s’agit d’une remorque isolée accueillant huit ruches, où les paramètres environnementaux comme la température et l’humidité seront contrôlés. Cette ruche mobile pourra être déplacée d’un champ à un autre et devrait être mise en fonction au printemps prochain », rapporte Ève-Catherine Desjardins, qui croit que l’atmosphère contrôlée sera confortable pour les abeilles et diminuera les pertes.
Par ailleurs, une étude sur les engrais verts est en cours afin de déterminer les plus favorables aux pollinisateurs. « Il y a beaucoup de fleurs quand les cultures de petits fruits sont en pleine floraison, mais le reste du temps, il n’y en a pas assez pour les abeilles domestiques, ici, sur la Côte-Nord », mentionne Mathilde Bouchard, qui codirige l’étude avec Valérie Fournier, de l’Université Laval, et Ève-Catherine Desjardins, dans le cadre de sa maîtrise en biologie végétale.
« On étudie donc certains engrais verts afin de déterminer lesquels sont les plus bénéfiques pour améliorer la structure très sableuse de nos sols, tout en étant attractives pour les pollinisateurs. On essaie d’étirer la saison, en choisissant des plantes qui vont avoir une période de floraison plus grande. On regarde aussi la quantité de nectar produite par les fleurs, ce qui va aider les abeilles à compléter leur cycle de vie et à mieux survivre à l’hiver », poursuit-elle.
Pour une deuxième année, plusieurs plantes ont été semées dans des parcelles tests situées au cégep de Baie-Comeau, aux installations du CEDFOB à Pointe-aux-Outardes et à la coopérative agricole Le Grenier Boréal, de Longue-Pointe-de-Mingan. « Pour l’instant, celles qui poussent le mieux et fleurissent le plus longtemps sont le sarrasin, la phacélie et la moutarde. On a aussi essayé la caméline et la vesce velue. L’analyse des sols sera réalisée cet automne, mais ce qu’on va surtout observer, c’est l’impact sur les pollinisateurs », dit Mathilde Bouchard.
L’utilisation de plantes indigènes comme engrais verts pourrait même être envisagée, mentionne la chercheuse. « On peut penser à l’épilobe, en particulier, qui pourrait être intéressant pour développer un miel rare. Le but est avant tout d’avoir une régie facile. »