Vie rurale 3 octobre 2021

Des séances d’information à l’intention des jeunes cueilleurs

Pour faire perdurer sa valeur première, l’achat local, la ferme maraîchère Au pays des petits fruits mise depuis 30 ans sur une solution qui aura fait d’une pierre deux coups : embaucher des jeunes pour pallier le manque de main-d’œuvre locale et faire de la cueillette un apprentissage. 

Pour la quatrième année consécutive, cette ferme de Mirabel, dans les Laurentides, propose des rencontres d’information destinées aux jeunes cueilleurs inscrits et à leurs parents. Ce nouvel encadrement a porté ses fruits. « Depuis qu’on fait ça, les jeunes qui viennent sont beaucoup plus sérieux. Ils savent exactement à quoi s’attendre quand ils arrivent le premier jour », explique la copropriétaire Chantal Demers. Au programme : préparation à la cueillette des fraises et des bleuets, déroulement d’une journée, matériel indispensable, fonctionnement de la paie et conditions de travail.

Ce qui a motivé cette démarche, c’est la conscience sociale et la volonté d’inculquer aux jeunes des valeurs de responsabilité, d’engagement et du travail bien fait. « C’est notre méthode qui a changé, mentionne Mme Demers. Elle s’est adaptée aux temps modernes. Autrefois, tout le monde savait comment une terre fonctionnait. Aujourd’hui, les jeunes sont déconnectés de la réalité de l’agriculture. » 

L’entreprise familiale de 43,5 hectares reçoit généralement un peu moins de 200 inscriptions de jeunes cueilleurs par année.  Il y en a eu le double en 2020, dans le contexte de pandémie et d’école à la maison. Ce ne sont toutefois pas tous les jeunes inscrits qui se présentent. Mme Demers constate que les rencontres d’information aident à filtrer ceux qui ne sont pas motivés.

Savoir s’adapter

Au fil du temps, l’entreprise a su s’adapter à ses employés, les conditions de travail n’étant pas les mêmes pour les adolescents, qui nécessitent des horaires flexibles et un roulement journalier de 30 à 40 employés. « On ne peut pas demander à un jeune de 12 ans de travailler cinq jours sur sept. Il s’engage à travailler trois à quatre jours par semaine, mais sur les sept, il décide de son horaire », précise l’agricultrice.

Si l’expérience est valorisante pour les jeunes, elle l’est aussi pour l’exploitation agricole. La flexibilité et le rythme de travail créent moins de stress et entraînent notamment une meilleure ambiance. Chantal Demers, qui estime qu’entre 50 et 60 % des jeunes sont capables de finir la saison, précise en apprendre beaucoup à leur contact. « Cette année, on a eu un jeune qui a trouvé les premières journées difficiles. Ses paniers n’étaient pas très beaux », raconte-t-elle. Le jeune cueilleur s’est alors laissé influencer par un groupe turbulent, qui n’avait pas le goût d’être là et qui minait l’ambiance. En lui donnant sa paie, la propriétaire l’a encouragé. « Le soir même, il m’a écrit un courriel en s’excusant et en demandant une seconde chance. J’étais touchée, je lui ai répondu : «Ne lâche pas. Tu as un potentiel.» Le lendemain, les autres n’étaient plus là, et lui a toffé jusqu’à la dernière journée. Il était parmi mes meilleurs cueilleurs. » Une expérience gratifiante qui, selon la propriétaire, fait toute la ­différence dans le parcours de ces jeunes… 

Ambre Sachet, collaboration spéciale

Au pays des petits fruits a été sélectionnée par le Centre d’emploi agricole de la Fédération de l’UPA de l’Outaouais-Laurentides pour représenter cette région dans le cadre de Ma ferme, mon monde, source d’inspiration en gestion des ressources humaines, une initiative d’AGRIcarrières.