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Après les maraîchers, les pomiculteurs et producteurs de sapins sont, à leur tour, inquiets de ne pas recevoir leurs travailleurs étrangers temporaires (TET) à temps pour la récolte à l’automne. Faute de main-d’œuvre, des pommes et des sapins ne pourront pas être récoltés, craignent les producteurs.
« On vit un stress », explique Mélanie Fleury, copropriétaire du Verger des Bois-Francs à Princeville, dans le Centre-du-Québec. Ses 10 premiers TET sont arrivés la semaine dernière, mais elle s’inquiète pour les 70 autres en provenance du Mexique et du Guatemala qui devraient se joindre à l’équipe au début septembre. Elle comptait également recevoir 18 autres travailleurs en provenance de fermes maraîchères. « Je sais depuis le mois de juillet [qu’une productrice] n’a pas eu ses travailleurs […] Je vais peut-être en avoir 5 ou 6 sur 18 », dit-elle. Sa ferme offre de l’autocueillette aux consommateurs dans certains de ses vergers, mais en tant qu’emballeur de pommes et grossiste, sa priorité est d’approvisionner les grandes chaînes et des fruiteries. Par conséquent, elle ne pourrait pas convertir la totalité de ses vergers à l’autocueillette dans le cas où ses travailleurs n’arriveraient pas. « Ces pommes iront probablement au jus ou resteront à terre, dit-elle. C’est stressant. »
Après deux mois de retard, les 12 travailleurs mexicains de Sean Enderle devraient arriver cette semaine. Le producteur et emballeur de pommes d’Hemmingford, en Montérégie, est confiant, mais n’exclut pas de chercher de la main-d’œuvre locale si leur arrivée devait être retardée davantage ou annulée. Une autre option qu’il n’hésiterait pas à considérer serait d’ouvrir son verger à l’autocueillette. « On n’a rien de mis en place pour de l’autocueillette, mais c’est sûr que ça resterait une option dans le pire des cas », dit-il.
Il restera des sapins dans les champs
Les producteurs de sapins sont tout aussi inquiets pour l’arrivée de leurs travailleurs, qu’ils attendent non seulement directement du Mexique et du Guatemala, mais également de transferts en provenance de fermes maraîchères et de pomiculteurs. « Il est resté des fraises dans les champs, il est resté des légumes dans les champs, il va rester des sapins dans les champs », croit l’administrateur des associations provinciale et fédérale de producteurs de sapins, Larry Downey. Il soutient que les délais administratifs de transfert de TET entre fermes sont trop longs et qu’il a fait des représentations auprès de la ministre fédérale de l’Agriculture Marie-Claude Bibeau à cet effet. « Avec la COVID-19, on parle de huit semaines d’attente pour pouvoir transférer un TET d’une ferme à une autre. Le problème, c’est que pour effectuer le transfert, ça prend le nom du travailleur, mais si le Mexicain n’est pas arrivé dans le temps des pommes, ça ne marchera plus pour le gars de sapins qui devra attendre huit semaines. Il va manquer de semaines », dit-il.
M. Downey n’a reçu que 8 TET sur 14 pour l’instant, mais a réussi à trouver deux travailleurs locaux en attendant le transfert des TET d’un pomiculteur. La gestion des TET est devenue tellement difficile que le producteur de Hatley, en Estrie, a embauché une secrétaire à temps partiel cette année pour gérer le dossier.
Devant la lenteur des procédures administratives et les délais de quarantaine imposés aux étrangers en sol canadien, le producteur de sapins Charles Vaillancourt a fait annuler sa demande de travailleurs en provenance du Mexique. Il mise entièrement sur les transferts de travailleurs entre fermes pour pourvoir la soixantaine de postes vacants qu’il devra combler lors de la récolte. Selon lui, le pire scénario serait de devoir laisser des arbres aux champs cette année, ce qui engendrerait des coûts d’entretien supplémentaires, ainsi que des arbres plus lourds à porter pour les travailleurs l’année prochaine.