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Les fermes n’ont jamais été autant observées par des machines. Mais qu’advient-il des données recueillies? Des voix continuent de soulever des enjeux de protection.
« Je suis producteur d’œufs, de grains et de données. » C’est ainsi que se présente Jean-François Messier, agriculteur à Saint-Hyacinthe. Passionné par les nouvelles technologies, il exploite depuis des décennies les données générées par son équipement. « On est de plus en plus sollicités pour les partager. Mais je suis préoccupé par les enjeux autour de l’appropriation : Vais-je rester propriétaire de mes données? Qui va les utiliser? Pour quel bénéfice? »
L’agriculture se numérise et chaque jour, davantage d’outils utilisant l’intelligence artificielle arrivent sur le marché. Mais pour ce faire, les programmes d’apprentissage ont besoin du big data, ces immenses bases de données agrégées. « Les données vont devenir le nerf de la guerre, un actif aussi important que la terre », croit Annie Royer, professeure agrégée au Département d’agroéconomie de l’Université Laval. Elle est l’une des auteurs d’un rapport sur les enjeux du numérique dans le secteur agricole publié en juillet 2020 par le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO). Mme Royer donne l’exemple des fournisseurs de robots de traite qui rendent très difficile l’accès à leurs données, liant ainsi le producteur à son fournisseur, car s’il devait changer il perdrait tout son historique.
Annie Royer regrette l’absence de règles au Canada et s’inquiète de la perte de pouvoir des producteurs. « Laisser les données entre les mains de conglomérats qui ont des moyens puissants pour les analyser, ça pose la question de l’autonomie alimentaire. Ces entreprises pourraient décider des développements agricoles de différents pays en éliminant la concurrence », souligne-t-elle.
Ag Data Transparent
Il existe un outil pour aider les producteurs agricoles à y voir plus clair. Le site Web d’Ag Data Transparent présente les réponses de différents fournisseurs à
11 questions concernant la propriété des données, le consentement pour les transférer à des tiers, la possibilité de les récupérer et leur sécurité. La certification ne garantit toutefois pas que l’agriculteur reste propriétaire des données transférées, mais plutôt que le contrat aborde ou non ce point.
Catherine Soum, collaboration spéciale