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Après avoir vu certains de leurs champs ravagés par des virus transmis par les pucerons, dont celui de la mosaïque du concombre, des producteurs de courges d’hiver ne sont pas au bout de leurs peines au moment de l’entreposage. Des fruits, qui semblaient pourtant beaux au moment de la récolte, se détériorent par la suite.
« Il y a des problèmes de conservation, cette année. Les courges se gardent moins bien, mais le lien avec la mosaïque du concombre n’est pas clair. Il n’y a pas de diagnostic clair encore », souligne la directrice de l’économie, de la politique et de la recherche à l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ), Catherine Lessard.
La productrice Catherine Lefebvre, qui cultive 16 ha de courges à Saint-Michel, en Montérégie, estime jusqu’ici que 40 % des fruits qui ont poussé sur ses terres cette année ne sont pas commercialisables, soit parce qu’ils ont été laissés au champ, soit parce qu’ils « ramollissent » une fois placés dans des boîtes. Normalement, dit-elle, ses courges se conservent jusqu’en novembre.
« Moi, c’est dans la courge spaghetti. Elles se détériorent assez rapidement. C’est phénoménal. Toutes les semaines, on voit des différences dans les boîtes », témoigne celle qui est également présidente de l’APMQ. Après avoir parlé à d’autres producteurs, elle relève que les variétés s’en sortent différemment d’une région à l’autre, mais que les raisons demeurent nébuleuses.
Rappelons que les pucerons du soya ont été très nombreux en 2022 et qu’une grande quantité en quête de nourriture s’est aussi posée dans d’autres cultures horticoles, notamment les cucurbitacées, et ce, dans plusieurs régions. Dès que ces insectes sont porteurs de virus, notamment de celui de la mosaïque du concombre, ils peuvent les transmettre. Une fois les plants infectés, il n’existe aucun traitement.Plusieurs producteurs de citrouilles, de concombres, de melons et de courges, ayant subi de graves dommages, ont abandonné des champs, parce que le virus diminue le rendement et altère la qualité des produits.
Un producteur de Saint-Alexis, dans Lanaudière, Mathieu Lavoie, qui fait de l’entreposage jusqu’à décembre, doit se résigner de son côté à jeter beaucoup de courges poivrées, dont la qualité s’est détériorée après la cueillette. Celui qui cultive 95 ha de courges au total estimait déjà ses pertes au champ à 40 % au moment des récoltes, soit parce que la qualité des fruits était affectée ou parce que les plants avaient peu produit. « C’était parti pour être une super belle saison. C’était parfait », se désole-t-il, qualifiant celle-ci de « très moyenne », finalement.
Un peu plus loin, à Lanoraie, Luc Hervieux rapporte avoir perdu 15 % de ses courges poivrées, dont l’état s’est dégradé après la récolte. L’un de ses champs de 7 ha de courges Butternut avait déjà été complètement rasé, un peu plus tôt cette année, affecté par des virus. Il se console en revanche avec ses rendements records de courges spaghetti cultivées sur paillis de seigle.
Une cellule de crise La présidente de l’Association des producteurs maraîchers du Québec, Catherine Lefebvre, indique qu’une « cellule de crise » a été formée, en collaboration avec le ministère provincial de l’Agriculture (MAPAQ) et La Financière agricole du Québec, relativement aux dommages causés par les virus transmis par les pucerons du soya. Les mécanismes de déclenchement d’assurance récolte actuels, plaide-t-elle, sont mal adaptés à ce que vivent plusieurs producteurs cette année. Questionné à savoir si de l’aide particulière sera offerte, le MAPAQ s’est contenté de dire que les producteurs disposent déjà « de nombreux outils », par le biais des programmes de gestion des risques de la Financière. Aussi, un comité scientifique a été mis en place pour mieux comprendre la « situation exceptionnelle » vécue cette année et pour éviter que cela ne se reproduise. |
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