Vie rurale 20 octobre 2018

Des choix pour mieux concilier le travail et la famille

Afin de mieux conjuguer le travail à la ferme avec la qualité de vie, la famille Godbout, de l’Abitibi, applique différentes stratégies visant à privilégier la planification, la discipline, la réduction de l’endettement et les innovations maison. 

« L’une de nos grandes valeurs pour l’entreprise, c’est la qualité de vie », affirme avec conviction le copropriétaire de la Ferme JNS Godbout, Jean-Guy Godbout. Sa fille Nancy se souvient que son père a toujours mis en pratique cette approche. « Quand on était jeunes, il nous traînait [avec lui], mais il prenait aussi du temps pour nous. Tous les ans, on allait passer deux semaines de vacances dans une région du Québec », raconte l’associée de son père, également mère de deux garçons de 3 ans et de 20 mois. 

Question de choix

Jean-Guy et Nancy Godbout, qui possèdent un troupeau de 450 vaches à Poularies, dans le nord-ouest de l’Abitibi, ont dévoilé leurs stratégies aux 190 participants du Congrès bœuf qui avait lieu à Victoriaville, le 5 octobre. L’une d’entre elles est d’investir plus d’argent dans les ressources humaines que dans la machinerie. Chaque année, ils font travailler une dizaine d’employés – surtout des agriculteurs retraités – durant cinq à six mois pour bénéficier de temps libre qu’ils tiennent à s’accorder. « On coupe ailleurs, admet Jean-Guy. Il n’y a pas de tracteur à 100 000 $ dans la cour. » 

Nancy Godbout et son père Jean-Guy ont dévoilé leur philosophie de gestion lors du récent Congrès bœuf. Crédit photo : François Carl Duguay, CRAAQ
Nancy Godbout et son père Jean-Guy ont dévoilé leur philosophie de gestion lors du récent Congrès bœuf. Crédit photo : François Carl Duguay, CRAAQ

Créativité et entraide

La créativité de la famille Godbout a intrigué les participants à la conférence. « Il y en a qui me regardaient comme si j’étais un extra-terrestre! » rigole le père. D’abord, malgré le climat abitibien rigoureux, les bêtes de la ferme sont en tout temps à l’extérieur. Sauf en cas de maladie ou de blessure importante, elles sont réparties dans 14 parcs extérieurs, ce qui, selon les producteurs, diminue grandement les besoins de litière et d’entretien ainsi que les risques de maladies qui se propagent rapidement à l’intérieur d’une étable. 

La longue période de pâturage permet également à Jean-Guy et Nancy Godbout d’économiser énormément de temps et d’argent. Grâce au bale grazing, qui consiste à aller déposer des balles de foin à divers endroits au champ, le temps que l’herbe pousse, les vaches sans veau peuvent y être envoyées aussi tôt que le 15 avril et celles qui en ont un, le 25 avril. 

À la Ferme JNS Godbout, les vêlages se font à l’extérieur en plein mois de mars. Pour cette période importante, une tour a été construite afin de veiller à la santé des veaux, jour et nuit. Pour les temps froids, un séchoir a été conçu pour les assécher rapidement. « On ne fait pas exprès pour laisser [le veau] pâtir dehors. On l’envoie dans le séchoir pour qu’il sèche comme il faut. Après, il retourne dehors avec sa mère », explique Jean-Guy Godbout. 

Nancy, dont le conjoint travaille dans le secteur minier, est heureuse de pouvoir compter sur l’aide de son père. « On ne se le cache pas, c’est beaucoup de travail, mais on est capables d’avoir une bonne vie de famille », conclut-elle. 

Par temps froid, les veaux sont asséchés rapidement grâce à un séchoir « maison ».
Par temps froid, les veaux sont asséchés rapidement grâce à un séchoir « maison ».