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La sécheresse entraîne, de façon générale, une production de miel plutôt « ordinaire » en 2020, rapporte l’agronome Nicolas Tremblay, qui est conseiller apicole au Centre de recherche en sciences animales de Deschambault. « Le manque d’eau fait en sorte que les fleurs produisent moins de nectar. Les abeilles se retrouvent en carence de nutriments », explique-t-il.
Raphaël Vacher, apiculteur à Alma au Lac-Saint-Jean, n’hésite pas à qualifier sa saison 2020 de catastrophique pour la récolte de miel, évaluant la baisse de rendement générale à 40 %, par rapport à sa moyenne des 10 dernières années.
« C’est ma pire année en cinq ans », laisse-t-il tomber. La sécheresse en mai et en juin, mixée à la chaleur et aux épisodes de gel, explique-t-il, laissera un goût amer sur l’ensemble de sa saison. « On a eu de la pluie en juillet; ça a été un peu mieux, mais je ne pourrai pas rattraper les pertes de rendement du début de l’été », soutient le propriétaire de 1200 ruches, dont certaines sont utilisées pour la pollinisation.
En Montérégie, Joël Laberge estime qu’il ne récoltera que le quart de ce qu’il avait prévu en début de saison, car ses rendements en juin et juillet ont été incroyablement bas. « Ça se replace en août, mais ce sont mes récoltes de juillet qui importent le plus. Comme on dit dans le milieu : un bon mois de juillet peut remplacer un mauvais mois d’août, mais pas le contraire », précise-t-il.
Récoltes abondantes par endroits
Si certains producteurs de miel connaissent jusqu’ici une saison « catastrophique », d’autres rapportent des récoltes abondantes, tirant profit d’une diversité florale qui ne semble pas affectée par la sécheresse.
« Je récolte 125 kilos de miel par ruche en ce moment, alors que ma moyenne est plutôt de 80 kilos, en temps normal », témoigne Raphaël Fort, apiculteur dans le secteur de Trois-Rivières en Mauricie. Il remarque qu’un producteur de foin à proximité de certaines de ses ruches a retardé sa deuxième coupe en raison de la sécheresse, et a laissé au champ de la luzerne, normalement fauchée à cette période de l’année. « Mes abeilles vont chercher leur nectar dans les champs de luzerne en fleurs. Il y a toujours beaucoup de variétés de fleurs dans mon coin, et particulièrement cette année », raconte-t-il.
Même son de cloche du côté de Félix Lapierre, producteur de miel à Brébeuf, dans les Laurentides, qui profite d’un environnement forestier à proximité. « Ça s’annonçait très sec, mais finalement, ce sera une très bonne année, surtout grâce aux tilleuls qui produisent beaucoup de nectar », note-t-il. Quant à Alexandre Gardner, apiculteur à Saint-Norbert-d’Arthabaska, dans le Centre-du-Québec, il explique la bonne saison qu’il connaît par un positionnement avantageux de ses ruches « au pied des Appalaches ». « Mes abeilles vont chercher du nectar de sarrasin. C’est un garde-manger ouvert! » se réjouit-il.
Le conseiller apicole Nicolas Tremblay ne s’étonne pas du fait que des apiculteurs s’en tirent mieux que d’autres. L’expert note que le positionnement avantageux de certains producteurs de miel près de la végétation et le choix de certains de mettre moins de ruches dans chaque rucher ou de ne pas faire de pollinisation contribuent à un rendement productif.
Le Québec, pas assez autosuffisant en nucléis Certains gros joueurs qui importent des reines de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie ont connu une saison difficile, parce que ces abeilles n’ont pas une génétique adaptée à la réalité du Québec, note par ailleurs le conseiller Nicolas Tremblay. « C’est un problème qu’on remarque depuis longtemps. Ce qu’il faudrait, c’est s’autosuffire en nucléis plutôt que d’importer des reines. Mais les éleveurs locaux n’ont pas le temps de produire assez de reines après l’hiver pour fournir les gros producteurs. Les mâles n’arrivent qu’en mai pour la reproduction », détaille-t-il, expliquant que des travaux de recherche sont effectués pour que la production de reines puisse commencer plus tôt dans l’année, dans des milieux fermés. |