Vie rurale 30 janvier 2019

1 500 fermes laitières perdues en 10 ans

La production laitière est encore l’une des locomotives de l’agriculture québécoise, mais une préoccupation demeure : les fermes laitières disparaissent à un rythme constant. Bien s’entourer, mieux organiser le travail et se rendre attrayant pour la main-d’œuvre sont des moyens pour ne pas voir la ferme disparaître.

En seulement 10 ans, le Québec a perdu 1 514 entreprises laitières puisqu’on en comptait 6 822 au Québec en 2007 comparativement à 5 308 en 2017, d’après les Producteurs de lait du Québec (PLQ). Globalement, le Québec a vu 55 % de ses fermes laitières cesser leurs activités en 25 ans puisqu’on en dénombrait 11 763 en 1994. 

« C’est sûr qu’on connaît un épisode négatif causé par les accords internationaux et le prix à la baisse du lait. Des agriculteurs craignent de se voir encore sacrifiés par le gouvernement, mais d’autres qui veulent croître prennent la place de ceux qui délaissent la production. Il y a aussi une demande importante de jeunes qui souhaitent s’établir en production laitière », explique Bruno Letendre, président des PLQ. Il souligne que la disparition des fermes laitières, de petite taille notamment, s’observe également au Canada anglais, aux États-Unis et en France. 

Des pistes d’amélioration

Les fermes de 50 kg de quota ont-elles un avenir? C’est avec cette question incisive que l’agroéconomiste Michel Vaudreuil a abordé la réalité de la disparition des exploitations laitières lors d’une conférence à Saint-Joseph-de-Beauce, le 22 novembre. Il estime qu’elles ont effectivement un avenir, à condition qu’elles améliorent leur gestion. Voici quelques-unes de ses recommandations.

Demander conseil. « Les producteurs doivent prendre les bonnes décisions basées sur des chiffres. Certains s’obstinent à tout décider tous seuls, mais ils n’y parviendront pas. L’agriculture est devenue trop compétitive. Pour s’améliorer, ils doivent se faire conseiller par d’autres producteurs ou par des conseillers spécialisés. »

Réorganiser le travail. « Il y a des petites fermes où le train dure 10 heures. C’est trop. Les agriculteurs ne maintiendront pas ce rythme surtout s’ils veulent augmenter leurs volumes de production. Ils doivent revoir entièrement les tâches à effectuer et prendre les moyens pour gagner deux à trois heures par jour. »

Attirer les employés. « Si le travail est trop compliqué, trop long et que les lieux de travail laissent à désirer, les employés ne viendront pas. Un producteur qui organise bien les tâches de ces derniers et qui les rémunère adéquatement aura de la main-d’œuvre. »