Un sondage conduit à l’automne 2022 par le Groupe AGÉCO a révélé que 70 % des producteurs laitiers, de bovins de boucherie et de petits ruminants étaient enclins à consulter un médecin vétérinaire par le biais de la télémédecine vétérinaire (TMV). Cet intérêt était d’autant plus élevé dans les régions où l’accès est plus difficile.

La TMV réfère à la médecine vétérinaire (conseils, diagnostic, traitement) pratiquée à distance par des moyens de télécommunication entre un médecin vétérinaire et un propriétaire d’animal. Selon cette définition, tout appel et échange courriel ou texto est considéré comme de la TMV; la vaste majorité des producteurs agricoles et leurs médecins vétérinaires ont donc déjà un pas dans la TMV, sans même le réaliser. Néanmoins, afin d’optimiser et de mieux structurer l’expérience de téléconsultation, des outils technologiques ou des logiciels dédiés à la TMV doivent être utilisés. 

Le diagnostic des besoins pour le développement de la TMV au Québec conduit à ­l’hiver 2023 a permis d’identifier des facteurs justifiant le développement d’une solution technologique de TMV. Un tel outil faciliterait les consultations réalisées en TMV et favoriserait certaines bonnes pratiques : centraliser en un seul lieu les échanges entre producteurs et médecins vétérinaires et fournir aux producteurs des recommandations médicales écrites et complètes à la suite d’une consultation. 

De nombreux avantages

La TMV offre plusieurs avantages. En plus de rendre plus accessibles les services vétérinaires, notamment dans les régions éloignées, elle peut permettre d’accélérer un diagnostic ou un traitement, de faciliter le suivi des patients connus, d’améliorer le triage des soins et des urgences, tout en réduisant les déplacements du médecin vétérinaire. Pour le producteur, cela peut se traduire par une réduction des frais de consultation (absence de déplacements). 

Plusieurs types de soins peuvent bien se prêter à un service à distance pour les ­animaux d’élevage : soins curatifs (ex. : problèmes cutanés ou oculaires), soins préventifs (ex. : prévention de mammites, conseils en matière d’alimentation), suivis de traitements ou de maladies chroniques, soins d’urgence (lorsqu’aucun médecin ­vétérinaire n’est pas disponible ou à proximité) pour ne citer que quelques exemples.

Ses limites

Cette pratique de la médecine vétérinaire à distance repose toutefois sur l’accès à certaines technologies numériques, tant du côté des propriétaires d’animaux de ferme que des médecins vétérinaires. Or, dans certaines régions et dans certaines exploitations agricoles, l’accès au réseau cellulaire et à une connexion Internet de qualité demeure problématique. Plusieurs bâtiments agricoles ne sont aussi toujours pas branchés sur le Wi-Fi ou ont une structure qui nuit à la transmission des ondes.

La TMV se heurte également à d’autres freins tels que l’absence d’examen physique et de tests pour réaliser un diagnostic précis, ce qui pourrait augmenter le risque d’erreurs médicales. Une relation médecin vétérinaire-client-patient (RVCP) est obligatoire pour pratiquer la TMV.

Déploiement de la TMV 

Rappelons qu’à l’automne 2022, l’Association des médecins vétérinaires praticiens du Québec (AMVPQ) et ses collaborateurs (le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec, la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal et l’Union des producteurs agricoles) ont entamé un partenariat avec le gouvernement du Québec dans le cadre de l’Offensive de transformation numérique pour développer une stratégie de déploiement de la TMV au Québec. Les objectifs de cette stratégie sont de bonifier l’offre de services en matière de conseils vétérinaires au Québec et d’implanter des solutions pour mieux structurer les échanges entre médecins vétérinaires et producteurs, tout en maximisant l’efficacité de travail du médecin vétérinaire.

Réflexion sur les méthodes d’implantation

Une solution technologique de TMV est en cours de développement. Afin de faciliter son adoption par les vétérinaires et les producteurs agricoles, une campagne du ­Programme intégré de santé animale du Québec sur la télémédecine vétérinaire sera tenue au cours des prochains mois. Précisons que cette campagne visera également à outiller les producteurs sur les différentes manipulations et techniques permettant d’assister le médecin vétérinaire à distance.