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Une étude commandée par l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ) révèle qu’en raison de ce qu’ils considèrent être des conditions de travail malsaines et toxiques, 54,4 % des vétérinaires de la province disent vivre une détresse psychologique élevée alors que 38,2 % sont en état d’épuisement professionnel.
« C’est énorme! » lance Angelo Soares, professeur en ressources humaines à l’Université du Québec à Montréal et responsable de l’étude. Le chercheur a fait parvenir 2 780 questionnaires aux vétérinaires du Québec, toutes pratiques confondues, pour évaluer l’état de la profession. Il a obtenu 975 retours valides, ce qui représente « un bon taux de réponse » de 35 %. Il a également effectué 30 entrevues et accumulé 42 heures de matériel au total.
Le principal problème soulevé est la surcharge de travail. « Elle va expliquer 99,3 % du niveau de détresse. C’est un ingrédient de ce qui ne va pas bien, mais il y en a un autre qui est horrible : le harcèlement psychologique », dit-il. Trente pour cent des vétérinaires questionnés disent vivre du harcèlement occasionnel ou sévère. « On a beaucoup de harcèlement par rapport à la grossesse. C’est inacceptable, au Québec, de voir ça en 2022 », soutient le chercheur.
Il donne l’exemple d’une vétérinaire ayant prévenu son employeur de son désir de fonder une famille. Chaque mois, l’employeur lui demandait si elle était enceinte pour savoir quand la remplacer. « C’est une question interdite par la Commission des droits de la personne au Québec », souligne Angelo Soares.
Selon lui, il y a un manque de compétence en gestion des ressources humaines. D’un point de vue technique, les vétérinaires sont excellents, dit-il, mais leur formation actuelle ne leur permet pas de développer suffisamment leurs compétences de gestion.
Toujours amoureux de la profession
« D’après les gens que j’ai rencontrés, et ce que je vois dans les résultats, les gens aiment énormément leur travail. Ce qui ne va pas, ce sont les conditions dans lesquelles ils font ce travail-là », explique M. Soares. Le chercheur observe que les vétérinaires sont passionnés par les animaux, souvent depuis l’enfance, mais que de mauvaises conditions de travail en ont poussé certains à s’éloigner de leurs patients pour privilégier des emplois administratifs au gouvernement, par exemple.
Lorsqu’on les interroge sur les raisons qui les poussent à quitter leur emploi, les vétérinaires répondent d’abord que c’est en raison de la surcharge de travail, puis du burnout, de la conciliation travail-famille, des pratiques de gestion de leur employeur, du changement de carrière et, pour finir, de la rémunération. « Tout ce que les vétérinaires sont en train de demander ne requiert pas de grands investissements monétaires, mentionne le chercheur. Ils veulent un milieu de travail sans violence, sans harcèlement, des horaires de travail plus humains, même s’ils savent que leur métier comporte des gardes et des appels d’urgence en plein milieu de la nuit », indique M. Soares. Environ les deux tiers des répondants ont affirmé qu’ils reporteraient leur départ si les conditions de travail s’amélioraient.
Le président de l’OMVQ, Gaston Rioux, se sent interpellé par ces résultats. L’Ordre avait d’ailleurs mené un sondage maison, il y a deux ans, qui avait révélé un mal-être des vétérinaires au sein de leur profession. « Avec ce que M. Soares a ressorti, on a des éléments encore plus précis sur lesquels on pourra travailler dans le futur, pas seulement l’OMVQ, mais toute la [filière] en entier, dans tous les secteurs confondus. »
Angelo Soares n’a pas émis de recommandations lorsqu’il a présenté les résultats à la communauté vétérinaire réunie en congrès le 28 octobre dernier. Des solutions seront plutôt proposées dans un rapport à la fin du printemps.