Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Au volant de sa camionnette, le Dr Antoine Bourgeois sillonne le territoire de l’Estrie pour prodiguer des soins aux bovins malades, veiller à la reproduction et conseiller les éleveurs.
« Dans ma pratique, 85 % des cas sont des bovins laitiers, puisque le Québec est une province axée principalement sur la production laitière », indique le médecin vétérinaire, copropriétaire de l’Hôpital vétérinaire de Sherbrooke.
Comparativement aux producteurs laitiers, qui requièrent des suivis réguliers toute l’année pour assurer la reproduction de leur troupeau, les éleveurs de bœufs font appel à lui de façon saisonnière. « L’automne est habituellement une période plus occupée dans le bovin de boucherie en raison de la régie de troupeau. On fait surtout des diagnostics de gestation, de la vaccination et de la vermifugation », précise M. Bourgeois, qui apprécie particulièrement le travail avec ces grands animaux. M. Bourgeois a grandi dans une ferme de bovins de boucherie et élève lui-même quelques Simmentals Fullblood par passion.
Autre moment critique pour les vétérinaires bovins : les naissances. En effet, les principaux problèmes de santé des vaches surviennent en période de vêlage, autant pour la mère que le petit. M. Bourgeois soigne souvent des infections mammaires ou respiratoires, de la diarrhée et des problèmes de boiterie.
« Le plus souvent, les producteurs m’appellent parce que leur animal a cessé de manger. Mon rôle est d’identifier la cause et de régler le problème », fait valoir le vétérinaire soucieux du bien-être des bêtes.
La boîte de sa camionnette fait office de trousse médicale. Elle comprend tout le nécessaire pour effectuer une variété d’interventions médicales dans les fermes bovines, de la chirurgie à la pose d’un plâtre, en passant par la transfusion sanguine et les vaccins.
Un autre outil dont il ne pourrait se passer pour bien faire son travail est son téléphone, surtout en contexte de pandémie. Le professionnel de la santé s’en sert pour faire de la télémédecine et des suivis serrés dans les cas plus complexes. « Beaucoup de clients ont mon numéro de téléphone. Ils peuvent me texter, m’envoyer des photos, des vidéos ou m’appeler en tout temps. En plus d’éviter certains déplacements inutiles, la télémédecine me permet de mieux aiguiller les éleveurs dans leurs soins », se réjouit-il.
Soigner et conseiller
L’empathie et le bon jugement sont cruciaux dans le travail de M. Bourgeois, puisqu’il doit aussi émettre des pronostics. « Nous devons être clairs avec nos clients quant aux chances de réussite d’un traitement et à savoir si l’investissement en vaut la peine », mentionne le soignant qui porte aussi le chapeau de consultant pour ces agriculteurs.
« On travaille avec les animaux, mais les clients, ce sont les éleveurs. Je me vois comme un de leurs partenaires dans leur succès commercial », illustre M. Bourgeois, qui se plaît à les accompagner pour faire prospérer leur élevage.
Ce dernier s’évertue d’ailleurs à sensibiliser les producteurs bovins quant aux avantages financiers des soins préventifs : « Pour certains d’entre eux, le vétérinaire est une dépense. J’essaie de les convaincre d’utiliser le vétérinaire comme un investissement, de faire de la prévention pour que les résultats soient au rendez-vous. »
Urgences
Être vétérinaire bovin vient avec son lot d’imprévus, à toute heure du jour ou de la nuit. « Aujourd’hui, je suis le premier de garde à la clinique. Si nous recevons des appels, c’est moi qui les prends », indique M. Bourgeois, qui reçoit en moyenne jusqu’à trois appels par nuit de garde. Vêlage, prolapsus utérin, mammite toxique, veau affaibli ou déshydraté sont des exemples d’urgences susceptibles de le sortir du lit.
Évidemment, les interventions ne sont pas toujours couronnées de succès. « Ça nous fait toujours mal au cœur quand on ne réussit pas, pour nous et pour les producteurs qui mettent beaucoup d’argent et d’énergie dans leurs animaux », témoigne-t-il, refusant néanmoins de se laisser abattre lorsque survient un décès. La résilience est de mise lorsqu’on pratique cette profession, que le Dr Bourgeois ne changerait pour rien au monde.
Marilynn Guay Racicot / collaboration spéciale
Cet article est paru dans l’édition de Bovins du Québec publié le 2 février 2022