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SAINT-BERNARD – Lorsque François Labrecque reprend la ferme de son père, en 1983, l’entreprise dispose de 11 kilos de quota pour environ 35 vaches. L’élevage du porc reste intéressant, à l’époque, malgré les aléas des marchés internationaux, et le père de François hésite à laisser tomber cette production. C’est un peu avant l’arrivée d’Étienne en 2008, la quatrième génération de Labrecque installée sur les terres de Saint-Bernard, en Beauce, que l’entreprise bascule définitivement vers le lait et accélère sa croissance.
Fiche technique Nom de la ferme : Spécialité : Année de fondation : Noms des propriétaires : Nombre de générations : Cheptel : Superficie en culture : |
Étienne Labrecque vient à la rencontre de La Terre au volant de son tracteur, avec une balle ronde enfoncée dans la tige avant de la machine. Tant qu’à se déplacer, aussi bien rentabiliser le voyage… Le producteur de 34 ans a le sourire aux lèvres malgré une nuit écourtée. Le bris de moteur d’un des deux robots de traite les a sortis du lit, son père François et lui, de façon prématurée. « On vient de réparer de façon temporaire, lance-t-il. Pour une réparation du dimanche matin, c’est correct. »
Cela fait partie de l’agriculture et de la production laitière en particulier, épuisante avec ses heures souvent interminables, mais néanmoins, irremplaçable. « Malgré tout cet ouvrage, travailler avec la nature, ça n’a pas de prix », soutient Étienne, d’un ton convaincu.
Un pas après l’autre
L’histoire des Labrecque semble imprimée sur le même canevas que celle de bien d’autres fermes du Québec. Les terres que cultivent François et Étienne ont été achetées par le grand-père du premier, en 1943. « Avant, mon père élevait ses enfants sur la terre voisine, celle de son père, raconte François. Le père de mon père a vendu sa ferme à son plus vieux. C’est là que le mien s’est installé ici, pour élever sa famille. » Celui qui aura bientôt 60 ans se trouve à la tête de l’entreprise depuis presque 40 ans. « Quand j’ai acheté de mon père en 1983, on avait 11 kilos de quota. Là, on est rendus à 135 kilos. C’est à peu près le maximum qu’on peut prendre avec nos installations », souligne l’entrepreneur passionné par l’érablière attenante aux terres familiales.
« Mon père, ce n’était pas un entrepreneur comme je le suis, précise François. Il a surtout développé dans le porc. C’est avec ça qu’il a fait son argent. » La conjointe d’Étienne, Catherine Bernier, rappelle d’ailleurs l’époque où son beau-père a pris la relève de la ferme familiale. « Quand le père d’Étienne a acheté de son père, c’était très, très, très serré, raconte l’ingénieure et mère d’Élianne, un an, et de Nathan, quatre ans. C’est le fun de voir, aujourd’hui, que la situation s’est redressée à force de jus de bras. »
Bien que la transition vers la production laitière se soit confirmée avec François, le porc est resté longtemps présent dans l’entreprise, rappelle Étienne. « On avait mille cochons à l’engraissement jusqu’en 2006, précise le diplômé en agriculture du Cégep de Lévis. En retirant les porcs des bâtiments, on est montés à 50 vaches et à 56 kilos avec l’ancien bâtiment. »
Le saut dans la robotique s’est fait en 2013 avec l’installation d’un premier robot de traite. « La main-d’œuvre était déjà rare, le bâtiment était désuet et tant qu’à devoir rebâtir, on a intégré la robotique », raconte l’agriculteur, la petite Élianne dans les bras.
L’ajout d’un premier robot de traite donne de l’élan à l’entreprise. L’efficacité de la machine permet d’ajouter du quota. Il avoisine les 80 kilos lorsque le second robot s’ajoute, en 2017. « Après que le premier robot a été installé, il y a eu une vague où plus de quota était disponible. On a pu augmenter à ce moment », se souvient Étienne, qui fait remarquer que l’arrivée d’un robot de traite se prépare. « Quand tu rajoutes un robot, il faut que tu rajoutes de tout. On avait sous-estimé nos besoins en foin. Au début, on a dû louer des terres et du foin. Lorsque des terres ont été mises en vente, on a acheté. »
Même si elle ne fait pas formellement partie de la compagnie, Catherine Bernier joue néanmoins un rôle névralgique auprès de son entrepreneur de mari. « Moi, je m’assure de la subsistance de la famille. Lui, c’est la ferme qu’il bâtit », explique celle qui est aussi travailleuse autonome dans le domaine de la robotique. « Mon point fort, c’est de m’assurer qu’il prend des décisions sensées, comme gestionnaire.»
Le bon coup de l’entreprise Étienne Labrecque hésite à mettre le doigt sur une décision qui aurait changé l’orientation de l’entreprise. « On ne peut pas attribuer tous les mérites à une seule décision; ce n’est pas possible. C’est un ensemble de petites choses », insiste l’agriculteur. Sa conjointe Catherine Bernier considère toutefois la numérisation de la traite comme une décision judicieuse. « L’arrivée des robots, on l’a attendue beaucoup, parce qu’avant c’était quatre heures de traite soir et matin, là, et entre les traites, Étienne et son père n’arrêtent pas. Ils ont toujours de l’ouvrage », témoigne l’ingénieure. |
Claude Fortin, collaboration spéciale
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