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Le 9 mars dernier, la ferme laitière Valremi proposait à la communauté agricole une journée portes ouvertes, offrant ainsi une vitrine aux applications très pointues des nouvelles technologies en régie et production laitières.
Quand leur étable a été rasée par les flammes en octobre 2010, le jeune couple à la tête de la ferme de Saint-Cuthbert a dû entreprendre une longue période de réflexion. Il fallait rebâtir les installations et reconstituer le troupeau décimé. Après moult consultations et visites d’autres entreprises laitières, Fabien Rémillard et Mélissa Ioannoni ont opté pour des équipements performants leur permettant de tirer le maximum de leur troupeau en reconstruction tout en réduisant la pression sur la demande en main-d’œuvre.
L’incendie du 22 octobre 2010 a entraîné la perte de près de 100 têtes, sur un troupeau qui en comptait 150, et complètement détruit l’étable. Fabien et Mélissa, représentant la 5e génération à travailler ces terres, se sont retrouvés alors, dans les faits, devant une grande page blanche. Pour eux, parents de jeunes enfants, la possibilité d’automatiser certaines opérations de la ferme pour assouplir leur horaire était aussi un important critère dans leur sélection.
La reconfiguration de l’étable a été l’occasion de revoir en profondeur les façons de faire. D’un bâtiment où les vaches étaient entravées, les producteurs sont passés à une étable à stabulation libre, configuration permettant l’introduction de deux robots de traite. D’une alimentation reposant sur les petites balles, ils sont passés aux grosses balles carrées, dans une optique où l’alimentation des animaux allait également être automatisée.
La configuration de l’étable, fruit d’une longue réflexion, répond à une logique liée à l’âge des animaux. À leur naissance, les veaux sont logés en parcs individuels où ils sont nourris de colostrum au biberon. Après un séjour d’environ 45 jours, ils sont de taille à partager un parc collectif. Soulignons que le plancher de cette partie de l’étable est chauffé grâce à un système de circulation d’eau chaude.
Ici, l’abreuvement en lait est pris en charge par un distributeur automatique. Un ordinateur prépare la formule et distribue quotidiennement jusqu’à dix litres de lait par veaux. « L’avantage de ce système réside dans le fait que nous obtenons des mesures de consommation quotidienne des veaux dès leur plus jeune âge », explique Fabien Rémillard. Ce suivi des animaux est essentiel pour l’éleveur qui veut conserver les éléments génétiques cadrant avec son type d’exploitation.
En quittant la pouponnière, nous arrivons à la section réservée aux génisses. Dans ce parc à séparations et logettes, les bêtes transitent sur une période d’environ deux ans avant de se retrouver en production. Les logettes sont aménagées avec des tapis recouverts de ripe. Par la suite, les vaches auront accès au grand parc à stabulation libre. Pour assurer le confort de ces vaches adultes plus lourdes, les producteurs ont opté pour une litière de sable. « C’est plus dur sur l’équipement, résume M. Rémillard, mais beaucoup mieux pour les vaches. Le sable est confortable et contribue aussi à un bon soin des pattes. En stabulation libre, la condition des pattes est un élément essentiel à la réussite. »
Les vaches en lactation ont accès à deux robots de traite. « Nous avons examiné plusieurs technologies, même la traite sur carrousel, explique le producteur. Mais le robot offre plus de flexibilité. Pour nous, ne plus avoir d’heures fixes pour la traite est un gros avantage. » La jeune famille peut enfin déjeuner ensemble. Cet aspect a pesé aussi dans la balance.
Les deux robots, des Astronaut 4 de Lely, sont présentement utilisés en deçà de leurs capacités. Mais le troupeau de 150 têtes, dont une soixantaine de représentantes de la relève, est en progression. Le producteur observe toutefois que le faible achalandage a ses avantages. « Il n’y a pas d’attente aux robots. Les vaches moins dominantes ne sont pas intimidées et peuvent aller se faire traire à leur guise. Résultat, la fréquence des traites atteint presque trois visites et demie par jour, avec une production moyenne de près de 30 litres par vache, à 150 jours de lactation. »
Pour le producteur, le robot constitue aussi une interface de communication importante. Les vaches sont munies de médaillons d’identification à mémoire qui enregistrent leurs mouvements et leur rumination. Ces données sont captées lorsque la vache passe dans le robot. Par la même occasion, la production de cette vache et la qualité de son lait sont enregistrées ainsi que son poids. « Ce sont des paramètres précieux pour notre régie, détaille Fabien Rémillard. On peut ainsi suivre les chaleurs, par exemple, ou identifier une vache présentant des problèmes de santé alors que nous ne sommes même pas dans l’étable pour le remarquer. » Ce suivi précis des vaches n’est pas étranger à l’obtention d’un premier veau chez 80 % des taures.
Toujours au sujet des robots de traite, le producteur s’interroge à savoir si des barrières sélectives permettant de rediriger les vaches vers leur stalle quand elles ne sont pas prêtes pour la traite ne seraient pas un équipement intéressant quand le troupeau prendra de l’ampleur. Cela éviterait aux vaches de transiter inutilement par les robots.
Ayant connu l’étable entravée, Fabien Rémillard se dit très satisfait du comportement de son troupeau vis-à-vis de la traite automatisée. L’adaptation, entreprise graduellement en novembre dernier, s’est bien déroulée puisqu’à Noël toutes les vaches fréquentaient le robot sans y être incitées. « Et nous avons des vaches plus dégourdies, souligne le producteur laitier. Elles se déplacent plus intuitivement d’une aire à l’autre. »
Outre la circulation libre, un autre facteur a contribué à la fréquence élevée de visites aux robots de traite. Il s’agit du système d’alimentation aérien sur convoyeurs qui automatise la distribution de rations. Un mélangeur vertical prépare le foin, les céréales, l’ensilage et les suppléments avant de l’acheminer vers le bâtiment. Là, une charrue circule et fait tomber devant les ruminantes la quantité exacte d’aliments correspondant à leur état. Le mélangeur et le système de distribution des rations sont programmables. Il va sans dire que l’économie en main-d’œuvre est significative.
Rencontré lors des portes ouvertes, Michel Simoneau, gérant de territoire chez le fournisseur Valmétal, a expliqué qu’un nombre croissant de fermes laitières où prévaut la stabulation libre mise sur ce type d’installation. « La multiplication des repas stimule l’activité des vaches. Elles vont se déplacer pour aller se nourrir et auront tendance à passer au robot plus souvent. Une vache active se porte en général mieux et donne plus de lait. »
À l’extrémité du parc des vaches en lactation un parc d’attention est réservé aux vaches qui ont besoin de soins ou qui viennent de vêler. Les vaches taries occupent un autre secteur alors que les vaches sur le point de mettre bas ont droit à leur propre parc, sur lattes, situé près de la pouponnière. L’ensemble suit donc une logique basée sur les différents cycles de la vie des ruminants.
L’investissement total dans le bâtiment et les équipements s’élève à 1,3 M$. « C’est un gros investissement, conclut M. Rémillard, mais avec de tels équipements, une seule personne arrive à gérer l’étable. »