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Pour abaisser les coûts en main-d’œuvre à leur ferme, Denys Van Winden et plusieurs autres producteurs maraîchers membres de la Coopérative d’utilisation de matériel agricole (CUMA) Shernap mettent à l’essai des robots sarcleurs dans leurs champs de laitue.
Producteur maraîcher à Sherrington, Denys Van Winden cherche continuellement à améliorer ses techniques de production. Réduire le besoin de main-d’œuvre – très coûteuse – pour la culture des légumes demeure une préoccupation constante pour être en mesure d’offrir des prix compétitifs. Diminuer le nombre de travailleurs dans les champs de terre noire se révèle toutefois difficile. Il n’existe pas d’herbicide efficace pour contrôler les mauvaises herbes dans ce type de sol. Dans ce contexte, la mécanisation de certaines opérations, comme le sarclage des plants de laitue avec un robot, s’avère la seule option pour remplacer la main de l’homme.
C’est lors de son passage au salon de machinerie agricole Agritechnica, en novembre dernier, que M. Van Winden a pu voir pour la première fois le robot désherbeur conçu par l’entreprise Steketee. Quelque temps après, la CUMA Shernap a fait l’acquisition du robot de la compagnie néerlandaise. Elle s’est également procuré deux autres machines du même type de marque Kult et Robocrop.
Le robot de Steketee se trouve à l’essai dans les champs de M. Van Winden. Son calibrage prendra du temps, prévient le producteur. Après l’achat, des représentants de l’entreprise sont venus au Québec pour aider à ajuster la machine à son nouvel environnement. « Ils disaient qu’ils connaissaient la terre noire parce qu’il y en a en Hollande, ricane le producteur maraîcher. Ils sont restés surpris quand ils sont arrivés ici. »
Les terres noires québécoises sont plus marécageuses que celles de Hollande, explique le producteur. La machine était donc beaucoup trop lourde pour fouler les champs. Le diamètre des roues du robot a dû être changé. Après plusieurs semaines d’essais, Denys Van Winden estime que les ajustements sont presque terminés. « C’est toujours comme ça, quand on reçoit une machine. Ça prend un certain temps pour l’adapter, juge-t-il. Présentement, on commence à prendre notre erre d’aller. »
Séance photo pour les plants de laitue
Le robot désherbe huit rangs de laitue en même temps. « Deux cylindres hydrauliques ajustent constamment la position du robot afin qu’il soit bien aligné avec les rangs, lance M. Van Winden. L’ajustement se fait automatiquement grâce à une caméra qui envoie constamment des informations sur l’endroit où se trouve l’outil. » Il précise qu’il est important de semer droit pour faciliter la récolte, plus tard.
Chaque rangée est sarclée par deux couteaux amovibles. Ceux-ci comportent deux positions : ouverte, où les deux lames sont parallèles, et fermée, alors qu’elles forment un V. « C’est comme Édouard aux mains d’argent, affirme M. Van Winden en riant. Le robot va ouvrir les lames lorsqu’il s’apprête à croiser un plant de laitue et va les refermer entre les plants pour déloger toutes les mauvaises herbes. » Le robot utilise un système pneumatique. C’est donc de l’air qui active le mouvement des couteaux.
La mise en marche des lames est commandée par un ordinateur qui décèle la présence des plants de laitue grâce à trois caméras. « Ça fonctionne par la reconnaissance des couleurs, soutient M. Van Winden. Il reconnaît le vert du plant, mais il a de la difficulté à distinguer le rouge de la laitue frisée pour l’instant. »
Afin qu’elles soient à l’abri des variations de luminosité, les caméras qui détectent la couleur des plants sont cachées sous une jupe. « Des lumières DEL sont également fixées sous la jupe, mentionne M. Van Winden. Elles fonctionnent pour faire en sorte que l’éclairage soit constant et uniforme. » De cette façon, la lumière ambiante n’influence pas la prise d’information et facilite le travail d’analyse de l’ordinateur.
Un écran installé sur le tracteur permet de visualiser le travail des couteaux en temps réel. « On peut demander aux couteaux d’ouvrir plus tôt ou plus tard », indique le producteur en ajoutant que ces derniers peuvent sarcler jusqu’à 15 mm des plants. Il est aussi possible d’ajuster les paramètres du robot avec une tablette ou un téléphone en se connectant à son réseau sans fil. « Ça me permet de suivre le robot et d’apporter des ajustements selon ce que j’observe », raconte Denys Van Winden. La machine peut sarcler à une vitesse de 2 km/h.