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Les activités qui régissent l’ensilage dans les différents types de silos horizontaux ne sont pas négligeables. S’en soustraire ou les négliger risque de provoquer de mauvaises conditions de fermentation et les conséquences qui s’ensuivent. C’est pourquoi l’application quasi à la lettre de certaines techniques de travail contribue à la bonne marche des opérations et garantit de livrer aux animaux un repas digne des plus « grands chefs » agricoles. En voici quelques-unes.
« Tasser comme des sardines! »
La première étape de l’ensilage en silo couloir ou meule est le déchargement. Le remplissage du silo couloir ou la confection de la meule s’effectue aussi rapidement que possible par couches homogènes successives de 6 à 12 pouces (15 à 30 cm) d’épaisseur maximums avec la machinerie ou l’équipement adéquat pour chasser l’air et diminuer la détérioration du matériel. On doit également éviter de souiller l’amoncellement avec les roues de tracteur et des remorques portant de la terre.
On suggère également d’aménager un chemin d’accès d’environ 30 pieds de largeur à l’infrastructure (plateforme), préférablement bétonné pour faciliter la circulation de la machinerie. « La logistique au site de déchargement est évidemment critique, affirme Jean Brisson, agronome et conseiller stratégique chez Lactanet. Si l’ensilage ne peut pas être déchargé, soufflé, compacté ou enrobé suffisamment rapidement, le site d’entreposage devient le goulot d’étranglement du chantier. »
Il est impératif de bien compacter l’herbe mécaniquement, et ce, pour deux raisons : réduire le volume d’oxygène présent dans la masse et conséquemment l’infiltration d’air. Une herbe trop sèche (plus de 40 % de matière sèche/MS) est difficile à compresser (à l’image d’un matelas). Plus la densité est élevée (entre 30 ou 40 % de MS), moins on entraîne de pertes pour une meilleure stabilité aérobie du mélange.
L’action de compacter est directement reliée au poids et au temps consacré par la machinerie à tasser et à consolider la masse végétale. « Pour la compaction, il y a une règle facile à appliquer : 1 000 livres (454 kg) de tracteur (ou d’équipement compacté) par tonne par heure, révèle Jean Brisson. Il faut savoir à combien de tonnes à l’heure on amène le matériel à la meule ou au couloir. »
D’autres facteurs influent également sur la compaction, notamment la longueur de la fibre, la MS, la maturité de la plante de même que le type de silo. Un hachage court et fin et un faible taux de matière sèche facilitent la compaction.
Un Saran Wrap, svp!
Les silos fosses et meules doivent être recouverts rapidement après le remplissage afin de prévenir la détérioration et les pertes de matière sèche par infiltration d’air ou de pluie. « Le recouvrement est une opération très importante qui complète la régie de la conservation, étant donné les volumes imposants de fourrage entreposés, estime Gilles Vézina, président d’Agri-Flex. Il est important de déterminer la superficie à couvrir quand viendra le temps de construire la cellule et d’acheter la toile de protection. »
De nouveaux équipements ont d’ailleurs fait leur apparition sur le marché ces dernières années, permettant aux agriculteurs d’optimiser leur rendement. « La toile d’ensilage conventionnelle étanche, résistante et souple de six millièmes a été la plus populaire pendant des décennies, raconte M. Vézina. Les nouvelles technologies et les extrudeurs de sept couches offrent depuis quelques années des films plus minces et plus résistants à l’oxygène et aux gaz. Une nouvelle molécule, le EVOH (éthylène alcool vinylique) fait la différence en permettant une barrière optimale à l’oxygène (15 cm3/m2/jour). »
Pour un maximum de contact entre la masse d’ensilage et le film, on dépose des pneus coupés en deux (flanc de pneus de camion) ou encore des tapis de caoutchouc.
C’est un peu comme si on enrobait le tout avec du Saran Wrap et qu’on le recouvrait avec un plastique robuste pour créer une barrière solide et étanche. Dans le cas des silos presses, un trop grand étirement de la pellicule, même sans entraîner une rupture du plastique, peut provoquer un amincissement pouvant compromettre l’étanchéité.
Un overlap (chevauchement)
« Les toiles de murs sont les premières qu’on va plier sur la masse du silo couloir avec un dépassement de trois à quatre pieds, conseille Jean-François Lemay, agronome chez Sollio. Par la suite, on dépose une bâche de plastique beaucoup plus mince (1,5 ou 1,6 mm) et étanche (plastique et nylon superposés). »
On installe ensuite une toile de résistance, qui est une pellicule de 5 mm. « Idéalement, la toile doit être retenue par des silos sacs dans le pourtour à tous les 10 ou 15 pieds, pour empêcher toute entrée d’air en travers, poursuit M. Vézina. Ces sacs sans coutures offrent une résistance UV et ne se désintègrent pas. Certains agriculteurs utiliseront des pneus ou flancs de pneus qui malheureusement, peuvent altérer la toile, gardent l’eau et aident la vermine et les moustiques à se développer. »
Une étude réalisée au milieu des années 2000 par Philippe Savoie, agronome, ingénieur et Ph. D., afin de quantifier l’effet de la couverture, de la densité, de la profondeur et du temps sur les pertes de matière sèche de l’ensilage de maïs dans un silo couloir, a démontré que seule la couverture avait une influence significative sur les pertes.
Dans un silo étanche, les données de l’étude ont révélé que les pertes étaient très faibles (entre 0 et 3 %) dans les premiers 24 pouces (600 mm) pendant six mois avec peu d’influence sur le niveau de densité, de profondeur et de la durée d’entreposage. Dans le silo sans aucune couverture, les pertes atteignaient plus de 50 % près de la surface en six mois.
Il est donc primordial de maîtriser les bonnes techniques d’entreposage pour créer les conditions idéales afin d’assurer un ensilage optimal. Une fois intégrées, ces conditions idéales se pratiquent au quotidien pour un aliment de qualité à servir aux « convives » à quatre pattes.
Roger Riendeau, collaboration spéciale
Ce texte a été publié dans l’édition de juillet 2022 de L’UtiliTerre.