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Largement dominée par les engrais de synthèse ou miniers, la culture hydroponique pourrait bientôt compter sur une solution de rechange durable. Grâce à son procédé, la jeune entreprise Circulus Agtech souhaite produire un fertilisant liquide de haute précision en utilisant entre autres du fumier de poisson.
L’entreprise montréalaise mène un projet pilote chez Hydroserre Mirabel pour vérifier si elle peut combler une partie de ses besoins en transformant les boues d’un aquaculteur de la région. « Les fermes piscicoles doivent payer pour qu’on vienne se débarrasser de leur boue en vue d’un épandage au champ et souvent, elles accumulent le fumier sur une longue période. En revanche, les serres hydroponiques ont des besoins quotidiens en matière fertilisante », explique David Leroux, président de Circulus Agtech.
À l’heure actuelle, le fumier animal est difficilement utilisable dans les cultures hydroponiques puisque les plantes ont besoin d’un substrat et d’activité bactérienne pour en assimiler les nutriments. « Une étape intermédiaire est nécessaire pour rendre le fumier animal accessible aux serres hydroponiques. De plus, la formulation de ce fertilisant doit être très précise en l’absence de sol. Cela représente un beau défi », poursuit David Leroux, également détenteur d’une maîtrise en ingénierie des bioressources.
Pour atteindre son but, l’équipe de Circulus a recours à un procédé en trois étapes. La boue subit tout d’abord une digestion aérobie. Cette étape permet de dégrader la matière et de réduire les odeurs nauséabondes. Ensuite, la matière est exposée à des bactéries pour rendre l’azote et le phosphore disponibles. Enfin, une filtration mécanique sépare le liquide des matières solides.
« La digestion aérobie des fumiers de poisson ou de poulet existe déjà, mais pour le marché de détail, tandis que nous visons une application commerciale », mentionne le dirigeant, dont le projet, évalué à 452 000$ est financé sur deux ans à 50% par Investissement Québec et à 25% par le CRIBIQ via le MTQ. « L’objectif serait de pouvoir satisfaire une portion importante des besoins en fertilisants d’une entreprise pour qu’elle soit moins dépendante d’une seule source d’intrants tout en améliorant son impact environnemental. »
Premiers résultats prometteurs
Riche en azote, en phosphore et en potassium, le fertilisant à base de fumier de poisson a obtenu jusqu’à présent des résultats comparables aux engrais synthétiques lors de tests avec des plants de basilic. « Pour les cultures de poivrons, de concombres et d’aubergines, on observe des effets sur la croissance des plantes, fort probablement en raison de l’activité bactérienne plus élevée. On note plus de fruits et de fleurs et des plants plus robustes, même si notre fertilisant ne représentait qu’une portion dans l’apport des nutriments », affirme M. Leroux, qui documente le processus.
Quelques défis demeurent. Pour faciliter le travail de l’activité bactérienne, la solution est très diluée pour l’instant, et l’entreprise cherche à obtenir un produit plus concentré, ce qui permettrait d’en faciliter le transport. Les fertilisants doivent également obtenir une approbation de l’ACIA.
En parallèle à son projet pilote à Mirabel, Circulus mène des essais à la Centrale agricole de Montréal où elle explore le potentiel fertilisant d’intrants provenant d’un élevage d’insectes, d’une ferme de champignons et d’une aquaculture. La PME réalise également des tests en transformant du fumier de poulet. « Le fumier de poulet est très riche en azote, tandis que le compost de résidus alimentaires contient beaucoup de potassium. L’objectif serait de pouvoir extraire les nutriments de différentes matières disponibles à proximité pour obtenir des formulations selon les besoins des producteurs », ajoute-t-il.
Dans un proche avenir, l’entreprise, qui est toujours à la recherche d’investisseurs, souhaiterait centraliser ses activités pour travailler avec différents clients et différents types d’intrants.