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La lutte intégrée n’étant pas l’affaire d’un instant, le dépistage de début de saison nécessite un suivi. Tant chez Werner Spani, à Granby, que chez Roger Caza, à Saint-Anicet, le choix de ne pas utiliser certains pesticides peut avoir des répercussions majeures sur les récoltes… et le portefeuille.
GRANBY — Suisse-Allemand installé à Granby, Werner Spani a une vision unique de l’agriculture. Pour lui, le refus d’utiliser des néonicotinoïdes ne représente pas un risque, mais bien un investissement pour le futur. « Il faut que tu regardes à long terme, parce que c’est certain qu’à court terme, ce n’est pas reluisant, concède M. Spani. Il faut apprendre à voir les nombreux avantages que ça apportera un jour. »
Dans les faits, son champ de maïs ressemble à tous ceux autour de lui et aucune perte majeure n’est à signaler. Isabelle Martineau, conseillère à Gestrie-Sol, s’avère satisfaite des efforts et des résultats du producteur. Selon elle, le sol, le soleil et la façon de semer ont pesé beaucoup plus dans la balance que l’absence de néonicotinoïdes. Si certains plants ont moins bien poussé que les autres, les suivis ont notamment permis de constater que les insectes n’en étaient souvent pas responsables. Ainsi, des ajustements simples pourront être faits dès l’an prochain, qu’ils soient liés au semoir ou à la qualité du sol.
À contre-courant
L’agriculteur affirme n’avoir jamais utilisé de semences traitées aux insecticides, même si celles qui sont non traitées sont parfois difficiles à trouver. « J’ai horreur qu’on m’impose des façons de faire, alors que je ne demande que de choisir ce qui va être sur mes semences, souligne-t-il. Mais certaines variétés n’offrent même pas d’alternatives, ou alors, il faut les commander beaucoup plus tôt. »
Pourtant, ses terres sont à risque d’être attaquées par le ver fil-de-fer : terres noires, prairies, culture de céréales. Werner Spani est décidé à maintenir le cap et semble même, d’après Isabelle Martineau, être en voie de convaincre ses voisins de suivre son exemple. « Je vis de mon consommateur, souligne M. Spani. Je veux inciter les gens à acheter local et offrir des produits de qualité est le meilleur moyen. »
Donner son champ à la science
SAINT-ANICET — Après plusieurs semaines d’attente, il est enfin temps de comparer l’efficacité des traitements herbicides avec et sans atrazine sur le contrôle des mauvaises herbes dans les champs de maïs de Roger Caza. Verdict : avec ou sans atrazine, le champ est propre!
« Avec l’atrazine, on visait surtout les espèces de renouée, qui sont difficiles à éradiquer, explique François Cadrin, conseiller au Club agroenvironnemental du bassin Laguerre. Cependant, il n’y a pas eu plus de renouées sur les parcelles qui avaient été traitées avec des produits sans atrazine. » Si quelques plants de souchet et d’herbe à poux ont été retrouvés, les herbicides sans atrazine (du Halex) utilisés sur les parcelles à l’essai semblent suffisants pour contrôler les plantes envahissantes, du moins en ce qui concerne les terres de Roger Caza.
Il s’agit d’une belle victoire pour le conseiller, mais aussi pour le producteur. M. Caza a commencé à utiliser de l’atrazine il y a quelques années seulement sur la recommandation d’un représentant d’une compagnie d’herbicides. Il n’hésiterait pas une minute à reprendre ses anciennes habitudes. « Je suis très satisfait des résultats, mais même si je ne l’étais pas, je recommencerais quand même. Ce n’est pas quelque chose qui coûte cher et, en plus, ça aide des gens! » Il leur restera désormais à s’assurer que le rendement se traduira bel et bien dans la récolte des épis.