Actualités 8 octobre 2014

Travaux agricoles clés en main

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Des entrepreneurs-producteurs agricoles réalisent des travaux à forfait de façon ponctuelle ou en totalité.

La demande pour des travaux à forfait augmente et semble répondre de plus en plus aux besoins de petites comme de grandes fermes. La spécialisation des entreprises agricoles, le coût de l’équipement, le manque de main-d’œuvre sont parmi les facteurs amenant des producteurs à recourir aux forfaits. Ils calculent dorénavant où leur temps et leur savoir seront le plus profitables à l’entreprise : vaut-il mieux érocher ses champs ou passer plus de temps dans l’étable? Le calcul vaut assurément le travail!

« Nous desservons deux clientèles : les producteurs agricoles et les gentlemen-farmers », affirme Patrick Racine, de la Ferme Racine et Fils à Dunham, associé au groupe Services agricoles Missisquoi (SAM). C’est le hasard qui a réuni les trois partenaires de SAM : Philippe Bourdeau, entrepreneur en tonte de pelouse et en déneigement, Brian Bourdeau, producteur de foin et de forfait et Patrick Racine. Il y a cinq ou six ans, Philippe Bourdeau et Patrick Racine se croisaient régulièrement au volant de leur tracteur de déneigement. Le vaste territoire leur occasionnait d’énormes pertes de temps sur la route. « D’un commun accord, nous avons décidé de limiter nos territoires et de distribuer intelligemment nos clients », précise Philippe Bourdeau. Lors d’une vente d’équipements agricoles chez un autre producteur, les trois futurs partenaires font plus ample connaissance et ils décident d’unir leurs efforts au lieu de se faire concurrence. SAM voit le jour en 2007. Les trois partenaires peuvent alors offrir une gamme de services diversifiés : travail de sol, fenaison, transport, épandage de chaux, etc.

« Impossible d’offrir tous ces services en étant seul, car les marges de profit sont trop minces », souligne Brian Bourdeau. La simplicité de leur association étonne. Mis à part un semoir à semis direct, les divers équipements n’appartiennent pas à SAM. « On possède chacun notre équipement. Si un chantier exige plusieurs tracteurs, je fournis les miens et je loue ceux de Patrick », donne en exemple Philippe Bourdeau. De cette façon, ils répondent aux besoins de la clientèle sans pour autant exiger de gros investissements en équipements. « Notre association dans SAM prolonge aussi la saison de travail, ce qui maximise l’utilisation de nos équipements. Plusieurs de nos employés travaillent maintenant à l’année », indique Patrick Racine, un détail important, vu la difficulté de recruter de la main-d’œuvre spécialisée.

Dans la région de Dunham et de Frelighsburg, des gentlemen-farmers veulent remettre en culture des terres en friche ou délaissées. « Cette clientèle ne connaît rien à l’agriculture. Habituellement, lorsque ces gens ont recours à nos services, l’équipe se déplace pour les rencontrer. Ensuite, on leur propose une liste de travaux à faire », explique Patrick Racine. SAM prend alors le contrat en main et les trois partenaires se divisent le travail selon la compétence de chacun.

En ce qui concerne les travaux réalisés pour des agriculteurs, c’est le producteur laitier avec un troupeau de quarante vaches qui constitue leur client type. « Souvent, les producteurs laitiers de cette taille décident de ne pas réinvestir dans les équipements de fenaison ou de récolte des grains. Certains effectuent eux-mêmes une partie des travaux, tandis que nous allons presser ou battre », mentionne Brian Bourdeau. « Dans la région, les blocs de plus de 12 hectares sont rares : nul besoin d’équipement de grande dimension », commente Patrick Racine.

Aucun des trois partenaires ne perçoit de salaire de l’entreprise. « SAM fait le lien entre nous trois. Ce regroupement nous permet d’offrir des services clés en main et d’augmenter notre visibilité, cela serait impossible à faire individuellement », conclut Philippe Bourdeau.

Dans le Bas-du-Fleuve, à Mont-Carmel, les producteurs laitiers de la ferme Pierrelac offrent des travaux à forfait pour la récolte d’ensilage de fourrages et de maïs, notamment. « Souvent, le producteur fauche, ensuite on prend le relais. On offre un service du champ au silo : fauche, râtelage, ensilage, transport, souffleur », indique Dominic Lévesque. L’intérêt de la récolte clés en main a d’abord comblé les besoins des producteurs laitiers de 30 à 60 vaches. Cependant, au fil des ans se sont ajoutées des fermes laitières d’une centaine de vaches et plus. « Il faut compter entre 500 et 600 heures pour considérer comme payant le fait de posséder un équipement », estime Dominic Lévesque. C’est pourquoi il insiste toujours sur l’importance de connaître ses coûts de production – salaire du producteur inclus – avant de prendre une décision. « Quel est le coût à l’heure d’une ensileuse? » donne-t-il en exemple. Ainsi, pour des fermes de plus petite taille, le renouvellement d’équipement n’est pas toujours rentable sans compter le manque de main-d’œuvre. « Quant à l’intérêt des fermes de grande taille, il repose beaucoup plus sur la rapidité de récolte, qui a son impact sur la qualité », mentionne M. Lévesque. Difficile de laisser quelqu’un d’autre faire ses travaux? Dominic Lévesque recommande aux producteurs de gérer le chantier, de suivre l’évolution du pourcentage d’humidité du foin et de diriger l’équipe dans les bons champs.

Forfait et machinerie bien ajustée

« Avec de la machinerie neuve, les producteurs pensent qu’ils iront plus vite dans le champ. Ils oublient, par contre, d’ajuster leurs machines correctement et fréquemment. De notre côté, nous les ajustons au moins deux fois par jour », précise Dominic Lévesque. La fiabilité des équipements dans le travail à forfait revêt une grande importance. « Mécanicien de métier, mon frère entretient toute la flotte de machines », spécifie M. Lévesque. Les Lévesque ont modifié leur souffleur à silo afin de le déplacer de ferme en ferme en toute sécurité (voir L’Utili-Terre d’octobre 2011 – article « Les professionnels de la patente »). L’entrepreneur couvre un territoire d’un rayon de 100 kilomètres allant de Montmagny à Cacouna.

Les associés de SAM, tout comme Dominic Lévesque, présentent à leur client une soumission du coût des travaux à réaliser. Évidemment, ils doivent être bien organisés et maintenir un haut standard de qualité. « Il ne faut pas avoir peur de se former, indique Patrick Racine. Nous avons suivi une formation sur le semis direct pour offrir un service de qualité. » Dominic Lévesque, pour sa part, n’a pas hésité à demander aux nutritionnistes quels étaient les besoins des producteurs – longueur de coupe, pourcentage d’humidité du foin –, un plus pour répondre exactement aux demandes de sa clientèle. Fidèle les agriculteurs? Oui, confirment les entrepreneurs à forfait.