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Le gouvernement fédéral réforme le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET). Ces modifications n’épargnent pas le secteur agricole.
Il faut se rappeler qu’au printemps dernier, la mise à pied de travailleurs canadiens dans des franchisés de trois chaînes de restauration rapide de l’ouest du pays et leur remplacement par des travailleurs étrangers avait soulevé un tollé.
Baptisée Les Canadiens d’abord, la nouvelle mouture du programme vise à ce que celui-ci soit utilisé comme il a été prévu, c’est-à-dire de façon limitée et en dernier ressort, pour combler temporairement les graves pénuries de main-d’œuvre lorsqu’on ne trouve pas de travailleurs canadiens qualifiés, indique le gouvernement.
Ottawa limite ainsi l’accès au programme, applique plus rigoureusement la réglementation et inflige des sanctions plus strictes aux employeurs qui enfreignent les règles. À titre d’exemple, les entreprises devront fournir des renseignements supplémentaires, tels que le nombre de Canadiens qui ont posé leur candidature à l’égard du poste disponible, le nombre de Canadiens passés en entrevue de même que des explications sur les raisons pour lesquelles leurs candidatures n’ont pas été retenues.
De plus, Emploi et Développement social Canada refuse dorénavant de traiter certaines demandes visant les secteurs de l’hébergement, des services de restauration et du commerce de détail. Dans les régions économiques présentant un taux de chômage de 6 % ou plus, les demandes visant des postes qui nécessitent peu ou pas de formation ne seront pas traitées.
Le fédéral assure que « les emplois agricoles primaires sur la ferme, y compris ceux offerts au moyen du Programme des travailleurs agricoles saisonniers [PTAS], seront exemptés des changements puisqu’il y a une pénurie importante prouvée dans cette industrie et que les emplois non pourvus sont réellement temporaires ».
Pourtant, deux mesures de la réforme touchent de plein fouet les entreprises agricoles, affirme Denis Hamel, le directeur général de la Fondation des Entreprises en Recrutement de Main-d’œuvre agricole Étrangère, mieux connue sous l’acronyme FERME. Premièrement, les entreprises agricoles devront accroître leurs efforts de recrutement de citoyens canadiens. Deuxièmement, la limite de séjour pour les travailleurs guatémaltèques, qui ne font pas partie du PTAS, est réduite de 48 à 24 mois. Ces ouvriers représentent 50 % de la main-d’œuvre agricole étrangère du Québec, estime FERME.
M. Hamel craint beaucoup pour tout le secteur agroalimentaire, en aval de la ferme, auquel la réforme s’applique en totalité. Il donne en exemple les attrapeurs de volailles et les travailleurs d’usines de transformation comme Olymel et Bonduelle. Ces entreprises devront notamment réduire la proportion d’employés étrangers temporaires de 30 à 10 % de leurs effectifs. Il n’y a actuellement aucune limite. De plus, les frais d’étude d’impact sur le marché du travail, que doivent débourser les employeurs qui désirent embaucher des travailleurs étrangers, passent de 275 à 1 000 $/travailleur. Les transformateurs refileront-ils la facture aux consommateurs ou devront-ils réduire leurs activités? se questionne Denis Hamel. Pire, les activités de transformation se déplaceront-elles vers les États-Unis?
Effectivement, les poids lourds de l’industrie canadienne de la transformation des viandes disent craindre des répercussions. « Les modifications apportées au Programme […] auront un impact significatif sur l’industrie de la transformation de la viande au Canada. Nos membres travaillent de concert pour évaluer la pleine mesure dans laquelle nos activités et nos capacités seront touchées », a commenté, par voie de communiqué, le Conseil des viandes du Canada.
« C’est navrant de voir que c’est tout le monde qui doit payer à cause de quelques entreprises délinquantes », conclut le directeur de FERME. En 2013, plus de 300 000 travailleurs étrangers sont entrés au Canada, soit 1,6 % de la main-d’œuvre du pays.