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Le décor de producteurs maraîchers d’un secteur agricole de Laval risque de changer du tout au tout dans la prochaine année.
« On savait que [ces terrains] allaient un jour être développés, mais on s’attendait à ce que ce soit des maisons, et non des studios de tournage », réagit Mathieu Forget, propriétaire de la ferme maraîchère Forget, située dans le secteur est de Laval, où un vaste complexe cinématographique est planifié. Promu par l’homme d’affaires Michel Trudel, cofondateur des Studios MELS de Montréal, ce complexe prévoit entre autres la construction de plusieurs studios de tournage et d’une école de cinéma. La Ville de Laval a récemment vendu des terrains d’une superficie d’environ 20 hectares qu’elle possédait à la compagnie de M. Trudel pour permettre à ce projet de se concrétiser rapidement, soit dans la prochaine année. Cette vente, totalisant 32 M$, est conditionnelle au changement de zonage de ces terrains, dont une partie est située en zone industrielle et l’autre, en zone résidentielle. Le changement de zonage a été adopté par les élus, mais il est contesté devant la Commission municipale du Québec par un groupe de citoyens.
Ceux-ci disent ne pas être contre le projet, mais aimeraient qu’il soit réalisé ailleurs que sur des terres « cultivables ». « On sait que ces terres ne sont pas dans une zone agricole, mais ce sont néanmoins des terres qui étaient cultivées depuis longtemps par des producteurs de la région, indiquent Jimmy St-Germain et Christiane Boucher, deux citoyens qui sont à l’origine d’une pétition demandant de perpétuer la vocation agricole de ces lots. « Car une fois qu’on l’aura construit, ce sera trop tard pour récupérer ces terres cultivables, alors qu’on sait combien elles sont rares », précise Mme Boucher. Celle-ci craint également que l’arrivée de ce vaste complexe change à jamais le caractère bucolique du secteur.
De leur côté, les deux producteurs qui louaient ces terres pour les cultiver s’attendaient à un tel dénouement un jour ou l’autre. « On a essayé de l’acheter [la terre de quatre hectares qu’on cultivait], mais la Ville n’a jamais voulu nous la vendre. On peut comprendre, car c’est un secteur très stratégique de Laval, avec une grande valeur commerciale », reconnaît Mathieu Forget. Martin Gibouleau, copropriétaire de la Ferme Margiric, louait aussi certains de ces lots de terre depuis de nombreuses années. « Pour nous, ça ne change rien. Ça fait 20 ans que ces terres sont dézonées; on va juste continuer à cultiver sur nos autres terres ailleurs », réagit-il.
La situation n’ébranle pas plus le président du Syndicat de l’UPA de Laval, Gilles Lacroix, qui signale que ces lots n’ont jamais fait partie des 30 % de la zone agricole que la Ville s’est engagée à préserver sur le territoire de Laval dans un protocole qu’elle a signé avec son organisation en 1988. Il souligne d’ailleurs que ces 30 % de zone agricole n’ont jusqu’ici jamais été menacés depuis la signature de ce protocole, et ce, malgré la forte pression immobilière et industrielle.
De son côté, le producteur Mathieu Forget, dont la ferme et le kiosque feront face au complexe cinématographique, s’il se concrétise comme prévu, croit néanmoins que l’achalandage qui en émanera ne pourra certainement pas nuire à ses affaires. Il espère toutefois que les bâtiments qui s’érigeront ne feront pas trop ombrage à ses cultures.