Lait 13 novembre 2024

Un boviduc pour que les vaches traversent une piste cyclable

Le différend opposant les propriétaires de la Ferme Laverdière et Fils à la MRC de la Nouvelle-Beauce, dans Chaudière-Appalaches, vient d’être résolu. Dès le printemps prochain, la construction d’un boviduc permettra aux bovins laitiers de traverser la piste cyclable qui sépare l’étable du champ de pâturage. Un tel aménagement sera sécuritaire pour les cyclistes et les producteurs.

À Sainte-Hénédine, Chloé Gouin et Pascal Laverdière sortent leurs vaches deux fois par jour entre avril et novembre. Pour accéder aux pâturages, les bêtes traversent une ancienne emprise ferroviaire que la municipalité et la MRC transforment actuellement en piste cyclable. « Le meilleur scénario reste un détour, mais oui, l’option du boviduc est bien. Le passage sera toujours propre pour les vélos et sans danger d’accident avec un animal », mentionne la productrice.

À la manière d’un ponceau géant, le boviduc sera construit de sorte que les cyclistes traverseront un tunnel en tôle ondulée galvanisée. La traversée des animaux se fera au-dessus du tunnel, perpendiculairement à ce dernier, explique la gestionnaire du projet à la MRC de Nouvelle Beauce, Marie-Josée Larose.

Par-dessus le tunnel, il va y avoir du recouvrement de matériel, puis, il va y avoir de l’installation de jersey [glissières de sécurité] de béton de chaque côté, des petits murs et un pare-éclaboussures pour éviter que les cyclistes reçoivent des choses sur la tête.

Josée Larose, gestionnaire du projet à la MRC de la Nouvelle-Beauce

De cette manière, les craintes d’accidents occasionnés par la boue, les excréments laissés sur la piste ou un taureau protégeant une vache en chaleur sont dissipées, tout comme celles de voir les cyclistes attendre de 15 à 45 minutes avant que le troupeau ait entièrement traversé la piste.

« L’avocate a tout changé »

Il s’agit d’une solution satisfaisante pour toutes les parties après quatre ans de discussions, dont deux accompagnés par une avocate. « Sérieux, l’avocate a tout changé », souligne Mme Gouin, qui recommande fortement à ses collègues producteurs de ne pas hésiter à aller chercher ce type d’aide lorsque nécessaire.

C’est d’ailleurs elle, Me Diane Simard, qui a eu l’idée du boviduc à l’époque où elle était directrice du cabinet BHLF Avocats.

Alors que depuis le début du projet, la MRC parlait de responsabilité partagée en cas d’accidents pouvant être occasionnés notamment par du fumier sur la piste, Me Simard a soutenu que ce n’était pas aux producteurs d’en assurer l’entretien. « Imaginez quelqu’un qui se casse une jambe. Ça nous stressait tellement. Ç’a pas de bon sens. Quand tu dis que même la Municipalité ne veut pas prendre la responsabilité de ça et dit que ce n’est pas à elle de ramasser le fumier, mais tu mets ce fardeau-là, ce stress-là sur les épaules d’une PME. Ouf! » commente Mme Gouin.

Le contrat du boviduc a été octroyé à un entrepreneur le 17 septembre. La construction devrait être finalisée en juin, après six à huit semaines de travaux entrepris au printemps.