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Dans une lettre envoyée le 19 juin à trois ministres du gouvernement caquiste, l’Union des producteurs agricole (UPA) réclame que le territoire qui devait initialement accueillir le terminal méthanier Rabaska soit réintégré sans délai dans la zone agricole. Des manifestations citoyennes ont également eu lieu la fin de semaine précédente.
André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales, et Maïté Blanchette-Vézina, ministre des Ressources naturelles, sont donc priés d’intervenir tandis qu’il en est encore temps par le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Martin Caron, et le président de la Fédération de l’UPA de la Chaudière-Appalaches, James Allen. En effet, l’Administration portuaire de Québec (APQ), qui souhaite se porter acquéreuse des terres de 272 hectares pour des projets futurs, a obtenu, en avril, l’aval de Transports Canada pour la transaction. Son offre d’achat, valide initialement pour cinq ans, prendra fin prochainement.
Rappelons qu’en 2007, le gouvernement libéral avait, par décret gouvernemental, dézoné ces terres agricoles afin qu’elles servent initialement au projet de port méthanier. Ce dernier a toutefois été abandonné en 2013. Le syndicat local de l’UPA de Kennedy a par la suite signé une entente avec la société en commandite Rabaska pour qu’elle intervienne auprès du gouvernement dans le but de faire de nouveau modifier le zonage afin de réinclure les terres en zone verte. Rabaska n’a pas respecté cet engagement. L’UPA l’a par la suite mise en demeure de s’y conformer, mais sans succès.
Dans la mire du Port de Québec et de la Ville de Lévis
Aujourd’hui, le Port de Québec lorgne ces terres et les eaux profondes du fleuve à cet endroit. La Ville de Lévis aussi. Cette dernière souhaite y créer une zone industrielle sur la moitié du territoire.
Il fait valoir que ce sont d’excellentes terres, dont 78 hectares sont cultivés présentement. « On y fait pousser de la pomme de terre. C’est très difficile; ça prend des terres très fertiles et bien irriguées », explique-t-il, précisant qu’on y trouve en plus 43 hectares pour une potentielle érablière. Valérie Cayouette-Guilloteau, porte-parole du collectif Sauvetage du patrimoine agricole à Lévis et Beaumont, qui a organisé une manifestation le 18 juin et lancé une pétition, fait pour sa part valoir leur importance environnementale. « Il y a des terres humides et une tourbière. C’est très précieux », insiste-t-elle.
Pour stopper le processus de vente au Port de Québec, la Ville de Lévis a amorcé, au début juin, un processus d’expropriation de Rabaska sur la moitié des terres. « Ça nous a fait gagner du temps, estime
Mme Cayouette-Guilloteau. Mais on n’est pas plus d’accord avec le projet de zone industrielle! » Cela dit, elle précise qu’il serait toujours possible que l’autre moitié des terres soit, à court terme, vendue au Port de Québec.
Le Groupe d’initiative et de recherche appliquée au milieu (GIRAM), l’organisation derrière la manifestation du 17 juin, a pour sa part déposé une demande à la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) afin que l’ensemble des 272 hectares soit réintégré en zone verte. « La suite des actions à prendre dépendra entre autres de la réponse de la CPTAQ à cette démarche », explique James Allen, qui envisage également les recours juridiques.
Dans sa lettre, l’UPA indique toutefois que « le gouvernement peut pallier ce non-sens et corriger le tir en adoptant sans délai un décret pour réinclure ces hectares en zone agricole ». James Allen espère que le ministre Lamontagne assurera le leadership politique dans cette affaire. « C’est à lui de protéger nos zones agricoles, c’est son rôle de valoriser l’agriculture. Encore hier [19 juin], il parlait d’autosuffisance alimentaire. Il faut que les bottines suivent les babines à un moment donné. » Le 21 juin, en conférence de presse sur la consultation publique pour la protection du territoire agricole, le ministre a indiqué qu’il attendrait de voir la décision de la CPTAQ.