La valeur des terres agricoles cultivées au Québec a encore grimpé en 2023 et à un rythme plus élevé que les années précédentes, selon des données compilées dans le plus récent rapport de Financement agricole Canada (FAC).

« J’avais des attentes que le taux de croissance soit moins fort. Je ne m’attendais pas à une baisse de la valeur des terres, bien sûr, mais je m’attendais à un taux de croissance moins élevé », a commenté l’économiste en chef de FAC, Jean-Philippe Gervais. Il s’est avoué surpris de l’augmentation de la valeur des terres au Québec en 2023, qui se chiffre à 13,3 %. À titre comparatif, le taux de croissance sur un an avait été de 7,3 % en 2020, de 10 % en 2021 et de 11 % en 2022. « Ce n’est pas juste une croissance de la valeur des terres, c’est aussi une certaine accélération », s’est-il étonné.

L’an dernier, à pareille date, M. Gervais anticipait que la hausse des taux d’intérêt et du prix des intrants puisse avoir un effet baissier sur la capacité des entreprises à investir et, ultimement, sur la demande pour l’achat de terres. Une demande à la baisse aurait ainsi pu se traduire par un ralentissement de la croissance du prix des terres.

Or, il semblerait que la demande soit demeurée forte en 2023 par rapport à l’offre, en raison de la rareté des terres disponibles conjuguée à des recettes monétaires dans le secteur des grandes cultures qui ont été plutôt élevées, permettant à des entreprises d’investir malgré la hausse des taux d’intérêt. « Je pense que le marché est soutenu par la rareté et une demande qui est quand même assez forte pour les entreprises qui désirent prendre de l’expansion », exprime l’économiste.

Dans l’ensemble du Canada, la valeur moyenne des terres agricoles cultivées a grimpé de 11,5 % en 2023. Il s’agit d’une hausse légèrement inférieure à l’augmentation de 12,8 % enregistrée en 2022, mais supérieure à celle de 8,3 % observée en 2021.

Baisse anticipée du revenu de 16 % en grandes cultures

Si les recettes monétaires en grandes cultures au Québec sont demeurées élevées en 2023, malgré une légère baisse observée de 2,4 % par rapport à l’année précédente, Jean-Philippe Gervais anticipe qu’elles chuteront plus radicalement en 2024. Il prévoit une baisse de 16 %, notamment en raison d’un déclin attendu du prix des grains.

Selon lui, ce phénomène sera à surveiller puisqu’il pourrait se traduire, réellement cette fois, par une baisse de la capacité des entreprises à agricoles à investir et ultimement, par un ralentissement des achats de terres.

« On a déjà commencé à voir des prix à la baisse et des marges de profits qui diminuent […] On devrait voir la diminution de revenus avoir un certain impact sur le marché », a-t-il souligné.

L’économiste s’attend ainsi à ce que la valeur du prix des terres continue d’augmenter en 2024, mais moins rapidement.