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Depuis l’atterrissage à Porto-Novo, au Bénin, il me semble que j’ai la nausée. J’ai dit à Shawn que j’avais pris l’avion souvent, mais ce n’est pas vrai. En réalité, aujourd’hui le 23 décembre, c’est ma première fois dans un autre pays. Mais c’est que Shawn, il a voyagé partout et je n’ai pas envie de lui dire la vérité. Son père conduisait des avions pour l’armée et même s’il a seulement 15 ans, il a vu des rodéos américains au Texas, des vraies de vraies Holsteins aux Pays-Bas, des semoirs pneumatiques dans des campagnes autrichiennes et bien d’autres trucs vraiment super. Bref, il m’énerve un peu, mais ça dépend des jours aussi.
Le fait est que nous participons à un voyage scolaire ensemble et je dois quand même l’endurer durant deux semaines. En plus, c’est lui qui m’a entraînée dans ce séjour de coopération volontaire en Afrique. Nous allons aider les agriculteurs de là-bas à faire pousser du manioc et des légumes. Il dit que comme j’ai grandi sur une ferme, je pourrai leur apprendre plein de nouvelles choses. Mais ce n’est pas si vrai, car je ne sais même pas : un, ce qu’est du manioc; et deux, comment faire pousser des légumes. Chez moi, à Saint-Norbert-d’Arthabaska, on élève des porcs et des poules.
Mais bon, me voilà maintenant en route vers le petit village de Logohoué, au sud-ouest du pays. Je songe à ma famille qui se réunira demain pour le réveillon et j’ai le cœur serré. C’est la première fois que je ne serai pas à la maison pour Noël. Heureusement, l’autobus prend une bosse et le choc de ma boîte crânienne sur le plafond me sort de mes rêveries.
Nous arrivons et, à ma grande surprise, un groupe de femmes et d’hommes nous attendent vêtus de la tenue traditionnelle, la « bomba », un mot que j’apprendrai plus tard. Ils sont majestueux en rouge, bleu, jaune et autres couleurs très vives. J’en oublie mes maux et je sors du véhicule. Tous sont très accueillants et nous tendent des rafraîchissements, à Shawn, moi et les autres de notre petit groupe de 10 étudiants.
Le lendemain, notre journée à Logohoué est si extraordinaire que j’oublie de penser à Saint-Norbert. Ici, le village est super pauvre, mais les gens sourient. La belle grande dame qui s’occupe de nous faire visiter l’exploitation agricole se nomme Ayo. Ça signifie « joie » en béninois. Je trouve ça vraiment incroyable, parce que moi, je m’appelle Béatrice, et un professeur m’avait déjà mentionné que ça voulait dire « heureuse ». Je me sens tout de suite connectée à la terre du Bénin.
Ayo nous amène au bord de la rivière Dati et nous montre la superficie aménagée pour faire pousser les légumes biologiques. C’est là que nous travaillerons, Shawn et moi, durant les deux prochaines semaines. Il y a deux arrosoirs et notre mission consiste à irriguer tomates et choux tous les jours à partir du petit lac et aussi à planter du manioc sur une petite butte. Le manioc, au fond, ça ressemble à une patate.
À la fin de la journée, Shawn et moi sommes fiers du travail accompli. Ayo vient nous chercher pour les festivités et nous marchons avec elle dans les rues de Logohoué, de maison en maison, comme le veut la tradition. Puis, nous assistons à la messe du village.
Le soir, juste avant de m’endormir, je réalise que j’ai mal aux joues tant j’ai ri avec Shawn et mes amis du Bénin. Toute une veille de Noël!