Temps des Fêtes 20 décembre 2023

Du temps pour lire

Avec Noël qui s’en vient, s’annonce le temps béni où, on l’espère, vous aurez enfin du temps pour vous. Et donc pour lire, amis lecteurs. Voici quatre suggestions de lecture pour profiter pleinement de votre congé, peu importe sa durée.


L’iris blanc

Pour ceux dont le temps est compté, L’iris blanc, le nouvel et 40e album de la série des Astérix, s’impose tant il est drôle, original et plein d’esprit. Gourou de la pensée positive, Vicévertus convainc César des vertus de sa méthode pour soumettre une fois pour toutes le petit village gaulois. Dès son arrivée au village, Vicévertus s’évertue à complimenter tous ceux et celles qu’il croise. Qui n’est pas sensible à la flatterie? La dynamique du village s’en trouve aussitôt chamboulée, jusqu’à ce que Astérix mette le holà aux manœuvres du flatteur hypocrite. S’ensuit alors la partie la plus drôle de l’album, celle où Bonemine, l’épouse du chef Abraracourcix, part séjourner à Lutèce, l’ancien nom pour Paris. Il n’y a pas à dire, le dessinateur Didier Conrad et le scénariste Fabcaro s’en sont vraiment donnés à cœur joie en pastichant le Paris d’aujourd’hui, trottinettes et Parisiens compris. Suave et savoureux par ses anachronismes, L’iris blanc, paru aux éditions Albert René, regorge d’images et de jeux de mots qui vous feront pouffer de rire. 


Qimmik

Saviez-vous que le gouvernement du Québec avait ordonné en 1960 l’abattage des chiens de traîneaux des Inuit pour forcer ces derniers à la sédentarité? Et qu’il avait envoyé nos policiers pour ce faire, ce qui allait mettre fin à un mode de vie et de survie qui se perpétuait depuis pas moins de 5 000 ans? C’est cette histoire, que j’ignorais, que Michel Jean a choisi de raconter dans son nouveau roman Qimmik paru récemment chez Libre Expression. Ce qu’il fait avec une infinie délicatesse et une simplicité désarmante, sans jamais porter de jugement. Dans un récit qui coule de source, le romancier nous amène avec ce beau couple de jeunes Inuit qui chassent et pêchent avec leurs chiens si courageux. Et tantôt avec une jeune avocate qui veut savoir pourquoi un vieil Inuk itinérant aurait tué des policiers depuis longtemps à la retraite. Lorsque les deux histoires se rejoignent et que la tragédie survient, nous sommes à même d’en mesurer l’ampleur et la portée. Et en mesure de le supporter. S’il existait un prix du calumet de la paix, c’est à Michel Jean que je l’offrirais.   


Douze arpents

Depuis sa parution, plusieurs critiques, libraires, chroniqueurs et lecteurs ont signalé le bonheur de lecture que leur a procuré le roman Douze arpents, de Marie-Hélène Sarrasin, publié chez Tête première. Hommage au territoire, à nos racines, à nos villages et à nos jardins, le roman se passe à Saint-Didace, dans Lanaudière, à deux époques différentes, alors qu’un débat de même nature divise la communauté. En 1937, la venue prochaine d’un train suscite l’ire des villageois qui vont perdre leurs terres et leurs maisons. En 2016, un ensemble résidentiel prend la place d’une belle forêt, ce qui ne fait pas l’affaire de tous. Lorsqu’on découvre dans la forêt de 2016 le cadavre d’une personne disparue en 1937, les langues se délient, des rumeurs se propagent au sujet de deux amies qui faisaient dans l’herboristerie… Raconté comme une fable, infiniment plaisant, Douze arpents a tout pour charmer l’amateur de romans. Et enchanter les amoureux de notre langue si belle et pleine d’esprit dans sa parlure d’antan. 


La fureur de vivre

La fureur de vivre est le dernier livre qu’a écrit Hubert Reeves. Il y fait part de ses réflexions sur le plus grand mystère qui soit, la vie. Le point de départ de ce parcours guidé? L’accouplement, par lequel la vie manifeste le désir impérieux de se perpétuer. Puis, de court chapitre en court chapitre, le célèbre astrophysicien raconte ce que toute vie doit aux étoiles. Chaque chapitre est agrémenté d’une photo choisie par lui afin que notre compréhension fasse la part belle à l’émotion. La plus touchante est sans doute celle où le grand-papi qu’il était salue la vie en tenant dans ses bras Noé, l’un de ses petits-enfants. Paru aux éditions du Seuil, offert en format poche et numérique, La fureur de vivre plaira aux curieux de nature comme à tous ceux qui se sont sentis orphelins en apprenant la mort de ce grand sage qui faisait figure de roi mage. À lire en sirotant une eau-de-vie au retour d’une promenade sous la voûte étoilée, autre plaisir des Fêtes que je vous souhaite aussi joyeuses que bienfaisantes.