Temps des Fêtes 18 décembre 2023

Ça pue le renfermé!

« Oyez! Oyez! Tous les animaux de la ferme sont convoqués à une réunion urgente! » s’époumone Monsieur cochon en trottant d’un bout à l’autre de l’étable. Il reprend son souffle avant de prendre la parole au milieu de ses amis rassemblés. « Assez, c’est assez! Il faut absolument trouver une solution. L’étable sent beaucoup trop le renfermé. C’est devenu invivable. Qui a des idées? » 

Madame la poule suggère de confectionner un éventail géant avec ses belles plumes. Elle entreprend de les détacher de son corps, mais au fur et à mesure que l’éventail prend forme, la pauvre poule, elle, grelotte de plus en plus. Si elle avait des dents, celles-ci claqueraient bien fort. Pour la réchauffer, son voisin, le mouton, offre de lui tricoter un manteau de laine à la vitesse de l’éclair.

L’éventail géant est ensuite déployé et un courant d’air se met à tourbillonner à l’intérieur des murs de l’étable. Les animaux, qui ont tous mis la patte à la pâte, ont bon espoir de réussir à chasser l’insupportable odeur de renfermé. Hélas! Snif! Snif! Ça pue toujours autant.

Le cheval propose de former une queue-leu-leu ultra puissante pour pousser dans la porte restée fermée depuis si longtemps. Chacun se met en position et pousse de toutes ses forces, mais l’exercice vire à la bousculade. Sabots, ailes, pattes et queues s’entremêlent sur le plancher dans un fou rire généralisé. 

Tout à coup, le plancher se met à trembler. Faiblement d’abord, puis les secousses deviennent plus intenses. « C’est la fin du monde! On va tous mourir », s’alarme la vache. Paniqués, les animaux ferment les yeux et commencent à crier. La cacophonie est absolue. Le sol bouge davantage, puis… plus rien. 

Les animaux ouvrent un œil, deux yeux et se regardent, incrédules. « Où est-ce qu’on est? demande le coq. Au paradis des animaux? »

Non, lui répond le chien de la ferme, car ça pue toujours autant.

Monsieur cochon et sa bande n’auraient jamais pensé être soulagés de sentir encore le renfermé. 

Une musique de Noël se fait entendre au loin et des voix se rapprochent de l’étable. C’est alors que la porte s’ouvre toute grande et d’immenses yeux émerveillés se posent sur les animaux de plastique aux museaux aplatis. « Oh! Merci, Grand-Papou! s’exclame la petite Lilianne. C’est la plus belle ferme que je n’ai jamais vue! » Son grand-père raconte à la fillette que le jouet, qui a appartenu à sa maman lorsqu’elle était enfant, vient de passer de nombreuses années au grenier. 

« J’avais complètement oublié que nous l’avions gardée, raconte le grand-père, mais tout à l’heure, en montant ranger une boîte, je me suis imaginé avoir entendu des cris d’animaux. J’ai donc emporté la ferme avec moi. Elle est à toi maintenant. Joyeux Noël, ma belle luciole! »