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Au fil des années, le secteur agricole québécois traverse diverses phases de transformation. Les réalités et les besoins changent, nécessitant des ajustements quant au soutien offert par les gouvernements fédéral et provincial. L’évolution de ces mesures témoigne de l’importance accordée à ce secteur vital.
Accéder au revenu
L’accès au crédit agricole est l’une des pierres angulaires de la création de l’Union catholique des cultivateurs (UCC). Au début du 20e siècle, pour réussir à produire davantage, les cultivateurs doivent s’endetter, ce qui les place dans des situations parfois insoutenables. Endettement, faillite et vente d’actifs sont autant de raisons qui ont mené les agriculteurs à migrer vers les villes et abandonner leur ferme. Le crédit agricole offert par Ottawa est considéré comme usuraire, ses taux d’intérêt étant tellement élevés qu’il maintient les cultivateurs dans une spirale d’endettement intolérable, une spirale qui les mène inexorablement à la faillite. Le programme fédéral est peut-être une solution acceptable pour les fermiers de l’Ouest, mais il n’est pas adapté à la réalité québécoise. Par chance, les caisses populaires commencent à offrir du crédit agricole, mais elles peinent à répondre à une importante demande et le capital disponible est faible et inégal entre les paroisses.
Quelle forme doit prendre le crédit agricole? Une aide de courte durée? Un outil permettant une planification agricole à long terme? Et qui doit en bénéficier? Doit-on le réserver aux jeunes ou le rendre disponible à tous? Ces discussions alimenteront les travaux de l’UCC dès sa création, car les cultivateurs désirent avoir des outils qui leur permettent de vivre de leur métier convenablement.
Stabiliser les revenus
Parmi les mesures qui ont fait une différence pour stabiliser les revenus des producteurs, il y a l’assurance récolte (ASREC). C’est Ottawa qui, le premier, a répondu aux demandes répétées des agriculteurs de partout au pays et établi ce type de programme visant à protéger les récoltes contre les risques associés aux conditions climatiques et aux phénomènes naturels incontrôlables. Mis sur pied en 1959, ce programme offre des protections individuelles ou collectives selon la culture. En 1967, le gouvernement québécois introduit à son tour son propre programme d’assurance récolte, élargissant ainsi le filet de sécurité pour les agriculteurs, une demande de l’UCC datant du début des années 1950.
Puis, l’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) est implantée en 1975. Elle vise à atténuer les effets des fluctuations des prix du marché et du coût des intrants afin de garantir un revenu décent aux agriculteurs, le tout afin de favoriser le potentiel de croissance de leur entreprise.
D’autres programmes seront ajoutés dès le début du 21e siècle par les deux paliers de gouvernement. Ceux-ci évolueront au fil du temps pour devenir les programme Agri-stabilité, Agri-Québec Plus, Agri-investissement, et Agri-Québec. Les deux premiers sont complémentaires et visent à protéger les producteurs contre les baisses du revenu agricole liées aux pertes de production, à la hausse des coûts et aux conditions du marché. Agri-Québec et Agri-investissement sont deux programmes basés sur l’épargne qui permettent de constituer un fonds de réserve afin de mieux gérer les risques ou de soutenir un projet de développement comme la transition vers la production biologique.
En 2001, La Financière agricole du Québec est créée pour centraliser la gestion des aides financières, des assurances et la protection du revenu. En partenariat avec le monde agricole, l’organisme simplifie l’attribution des soutiens pour les agriculteurs, qui savent ainsi à quelle porte cogner.
Il existe également plusieurs mesures financières pour soutenir les jeunes agriculteurs dans le démarrage d’une nouvelle ferme ou lors du transfert de l’entreprise familiale. Un soutien d’autant plus nécessaire qu’ils font face à des conditions bien différentes de celles qu’ont connues les générations précédentes avec l’augmentation du coût des terres, la montée des taux d’intérêt et de l’inflation.
Quand on se compare…
Comparé à d’autres régions du monde, le soutien agricole au Québec est composé en grande partie de soutien des prix, une forme ne nécessitant pas de financement public. Cette tendance contraste avec la situation internationale, où les transferts budgétaires (subventions directes) jouent un rôle prépondérant, selon une étude sur le soutien aux producteurs agricoles menée par l’UPA.
Entre 2019 et 2022, les transferts budgétaires, qui sont des paiements directs des institutions publiques aux entreprises agricoles, ont diminué, passant de 43 % à 34 % du soutien total, une proportion inférieure à celle observée dans des régions telles que les États-Unis (96 %), l’Union européenne (87 %), les pays de l’OCDE (66 %) et le Canada (58 %). Selon cette analyse, les producteurs québécois reçoivent moins de soutien par transferts budgétaires par rapport à la valeur de leur production comparativement à leurs concurrents principaux.
Et l’avenir?
Il reste encore beaucoup à faire en matière de financement et de soutien à l’agriculture. Sur le plan mondial, l’instabilité croissante attribuable au contexte géopolitique ainsi que la persistance des effets liés aux changements climatiques en sont des facteurs non négligeables à considérer. Bien que l’approche du Québec offre aujourd’hui une plus grande stabilité face aux incertitudes des marchés mondiaux, les producteurs agricoles québécois pourraient ne pas recevoir le même niveau de soutien direct que leurs compétiteurs. Cela pourrait avoir des implications sur leur compétitivité à long terme, un sujet sur lequel se penchaient déjà les cultivateurs en 1924.