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Voici, en rafale, quelques échos du Congrès de l’UPA qui s’est tenu les 3 et 4 décembre, à Québec.
Manifester le printemps dernier a été payant, selon l’UPA
Fidèle à ses habitudes, le directeur général de l’UPA, Charles-Félix Ross, a lancé le Congrès général de l’Union des producteurs agricoles (UPA), le 3 décembre, avec une revue des actions de son organisation, profitant de son temps au micro pour répondre aux producteurs qui disent n’avoir rien reçu des 233,8 M$ promis par Québec à la suite des manifestations des producteurs, le printemps dernier. « On a près de 2 M$ qui ont déjà été versés aux producteurs de l’Abitibi-Témiscamingue à la suite de la sécheresse. Pour la relève agricole, un premier chèque a été envoyé. On commence à distribuer les 37,1 M$ pour le programme de protection contre la hausse des taux d’intérêt, Sécuri-Taux. Pour les maraîchers, les producteurs de fraises, de framboises, de légumes de transformation, le programme vient d’être ouvert et l’argent sera envoyé dès ce printemps 2025 », a-t-il énuméré, en entrevue avec La Terre. Selon les chiffres de l’UPA, c’est 127,8 M$ sur les 233,8 M$ promis qui ont déjà été versés ou le seront sous peu.
Des revenus nets en baisse en agriculture
Martin Caron s’est dit inquiet, dans son discours inaugural, des revenus nets totaux en baisse pour l’agriculture québécoise. Il a rapporté qu’entre 2015 et 2024, les recettes monétaires ont augmenté de 59 %, passant de 8,2 G$ en 2015 à 13 G$ en 2024. Pour la même période, les dépenses totales ont évolué de 7,3 G$ à 12,9 G$, soit une augmentation de 76 %. La dette des agriculteurs a pour sa part explosé de 107 %, passant de 14,7 G$ en 2015 à 30,5 G$ en 2024. Le tout se traduit par une diminution de 92 % du revenu net total, qui atteint 66 M$ en 2024, alors qu’il était de 841 M$ en 2015. Les producteurs vendent plus, mais font moins d’argent, a souligné M. Caron.
Foi en sa profession
Alexandre Anctil, un producteur ovin du Bas-Saint-Laurent, est venu dire à la toute fin de la période de questions que malgré l’ambiance positive du congrès, il ne fallait pas oublier que les producteurs de partout au Québec ont manifesté bruyamment leur détresse, quelques mois plus tôt. « Voyons! On parle de plein de points techniques avec le ministre, mais on ne parle pas de ça. Hey, il s’est passé quelque chose qui ne s’était jamais passé avant : un mouvement généralisé de manifestations partout au Québec et pendant des semaines. Là, on s’est calmé. On nous a mis un couvercle sur la marmite, mais ça continue de chauffer. Chez nous, on continue de voir disparaître les fermes. Celui dont on ne peut pas prononcer le nom [Mario Côté] a acheté à peu près tout ce qui était disponible. On a trois élevages, dont une belle ferme de 1 300 brebis, où les animaux ont été vidés et où il ne reste que les terres à cultiver », s’est-il désolé. Les manifestations lui ont toutefois redonné foi en sa profession, disant que les producteurs en sont sortis gagnants, en montrant qu’ils étaient capables de se mobiliser. « Malgré la morosité, j’étais heureux de voir qu’on n’était pas dans l’apathie, qu’on n’était pas morts, qu’on était capables de se rassembler. »
Le Québec agricole si Françoise David était première ministre
L’ancienne co-porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, a été l’une des conférencières au Congrès de l’Union des producteurs agricoles (UPA), où elle a partagé sa vision de l’agriculture comme projet de société.
« Je vous propose de rêver un peu, de jouer au jeu ‘‘si j’étais première ministre du Québec’’, même si ça n’arrivera pas », a-t-elle précisé à la blague, avant de présenter sa vision de l’avenir du Québec en agriculture.
Selon elle, une politique de souveraineté alimentaire devrait être mise en place. Si elle était première ministre, Mme David affirme qu’elle poserait des actions concrètes pour faciliter l’accès aux terres pour la relève. « J’interdirais tout achat de terre cultivable par des organisations financières et immobilières », a-t-elle notamment proposé.
L’agriculture comme moteur de croissance économique
La hausse de la population mondiale, qui pourrait atteindre 10 milliards de personnes d’ici 2050, est une occasion de croissance économique pour le Québec et ses agriculteurs, croit Pierre-Olivier Zappa, chef d’antenne au réseau TVA, qui a présenté une conférence sur le sujet, dans le cadre du Congrès général annuel de l’Union des producteurs agricoles (UPA).
« L’opportunité est là de nourrir la planète. Le Québec est en position de le faire, mais il faudra augmenter la productivité agricole », a-t-il affirmé, soulignant que la compétition est féroce sur le plan mondial, notamment avec le développement de mégaporcheries en Chine. Ceux qui se démarqueront dans ce contexte seront ceux qui maîtriseront les technologies, a-t-il relevé, en donnant l’exemple de John Deere, dont la valeur des actions a grimpé en flèche, ces dernières années, grâce à l’innovation dont le fabricant a fait preuve en développant des dispositifs d’intelligence artificielle. La valeur estimée de ceux qui ont investi 100 000 $ dans John Deere, il y a cinq ans, serait de 300 000 $ aujourd’hui, a dit le conférencier.
« Tous les secteurs de l’économie seront traversés par le raz-de-marée de l’intelligence artificielle », a mentionné M. Zappa, qui a conclu sa présentation en affirmant qu’il est certain qu’il ne sera pas présent au congrès de l’UPA dans 100 ans. « Mais mon hologramme pourrait venir faire une présentation », a-t-il ajouté à la blague.