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La déclaration récente du premier ministre François Legault, qui a qualifié de « crise » les difficultés vécues par les agriculteurs, a semblé gonfler à bloc les manifestants en tracteurs qui se sont mobilisés par centaines, à Saint-Jean-sur-Richelieu, le 5 avril. « François Legault a dit qu’on était en crise. Pourquoi on est encore obligés de se réunir [pour se faire entendre] si on est en crise? » a lancé l’animateur de foule et conseiller syndical à la Fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Montérégie, Benoît Lalonde, faisant réagir les 400 personnes postées devant lui.
Après avoir sillonné les rues du secteur avec leurs tracteurs, les agriculteurs se sont tous rassemblés, cette journée-là, sur un terrain vacant, près du bureau de circonscription du député caquiste de Saint-Jean, Louis Lemieux.
Trois mobilisations en Montérégie
Cette mobilisation était la première d’une série de trois en Montérégie. Le 10 avril, une centaine de tracteurs sont partis de Saint-Clet pour terminer leur course dans un stationnement de Vaudreuil-Dorion. Au moment de mettre le journal sous presse, le rassemblement prévu à Saint-Hyacinthe, le 12 avril, n’avait pas encore eu lieu. Toutes ces manifestations s’inscrivent dans un grand mouvement auquel participent, tour à tour, les différentes régions du Québec, depuis plusieurs semaines.
« Il n’y a pas de façon plus claire de faire passer un message au gouvernement qu’on en a plein notre casque », a lancé le président de la fédération régionale de l’UPA, Jérémie Letellier, lors de sa prise de parole au micro, le 5 avril.
Affligés par la hausse des taux d’intérêt et des coûts d’exploitation à la ferme, mais aussi par les aléas climatiques et les lourdeurs réglementaires, plusieurs agriculteurs s’impatientent et exigent des mesures d’urgence concrètes.
D’autres agriculteurs, dont la situation est moins précaire, se sont mobilisés en appui à leurs confrères. C’est le cas de Madeleine Zumstein, productrice maraîchère de Sherrington. « Personnellement, je ne dirais pas que je vis une crise à ma ferme, mais je sais que d’autres producteurs en vivent une, surtout après la saison 2023 catastrophique qu’on a eue », a-t-elle rappelé.
La vice-première ministre s’adresse aux producteurs
Plusieurs politiciens ont assisté à la mobilisation de Saint-Jean-sur-Richelieu, dont la vice-première ministre du Québec, Geneviève Guilbault, qui s’est adressée aux producteurs, accompagnée notamment de l’agricultrice et députée caquiste d’Iberville, Audrey Bogemans.
D’entrée de jeu, Mme Guilbault a admis qu’une « grande conversation nationale » s’impose en matière d’agriculture. « On est là pour vous confirmer que ce travail-là de fond qui doit être fait pour redresser ou aider l’industrie agricole […], on va le faire », s’est-elle engagée. Mme Guilbault a notamment souligné le travail de réforme du programme d’assurance récolte qui est en cours, la demande au gouvernement fédéral que soit déclenché le programme Agri-relance et le grand chantier que Québec a entrepris pour alléger le fardeau administratif des agriculteurs, dont les résultats sont attendus d’ici l’automne.
Des représentants des partis d’opposition étaient aussi sur place, dont le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois. Affirmant avoir été témoin, ce jour-là, d’une détresse qu’il a rarement vue, il a demandé au gouvernement de créer un fonds d’urgence pour les agriculteurs en prévision de la saison des récoltes.
En plus de nombreux journalistes, des représentants des partis d’opposition étaient aussi sur place pour livrer des discours, dont le co-porte-parole de Québec Solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, et le porte-parole du Parti libéral en matière d’agriculture, André Fortin.
L’UPA réclame un « bouclier financier »
Pour « assurer la survie » des fermes en difficulté financière, l’UPA suggère au gouvernement du Québec la mise en place d’un programme de 300 M$, à raison de 100 M$ par année, sur trois ans, à compter de 2024. Ce « bouclier financier » ne viendrait en aide qu’aux entreprises agricoles dont la rentabilité est compromise par la hausse des taux d’intérêt. Un excédent monétaire négatif serait entre autres requis pour y avoir accès. La subvention, qui serait applicable sur des prêts d’un montant maximum de 5 M$, serait équivalente à 3 % d’intérêt sur trois ans, détaille l’organisation dans sa proposition. Selon les prévisions d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, rappelle l’UPA, le revenu net total des producteurs du Québec devrait chuter à un niveau historiquement bas de 66 M$ en 2024, alors qu’il se situait à 959 M$ en 2022.