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En 100 ans d’histoire, les congrès annuels de l’UCC, puis de l’UPA, ont donné lieu à de nombreux événements marquants et mémorables.
voluant au sein de la permanence de l’UPA depuis 36 ans, Denis Roy a plusieurs anecdotes reliées à ces assemblées historiques où la tension était à son comble. « Les grandes négociations de commerce international, comme le libre-échange avec les États-Unis en 1988 ou l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1993, ça a toujours donné lieu à des congrès marquants », se rappelle le trésorier et directeur des Finances et de la Main-d’œuvre agricole.
Il évoque le souvenir de Steward Humphrey, un producteur de volailles de la Beauce, qui avait interrompu le ministre fédéral de l’Agriculture, Ralph Goodale, en plein discours pour lui remettre les clés de sa ferme. « Le ministre s’apprêtait à aller négocier l’entente avec l’OMC et il lui avait dit : “Vous avez l’avenir de ma ferme et de ma famille entre vos mains.” Le ministre était revenu l’année suivante lui ramener ses clés », raconte Denis Roy en souriant.
En 2004, l’UPA avait annoncé en plein congrès son intention d’acheter les actifs de Viandes Levinoff et de son abattoir Colbex, à Saint-Cyrille-de-Wendover. Le gouvernement libéral de Jean Charest était mis sous pression afin d’appuyer financièrement cette transaction, et pendant l’allocution de la ministre de l’Agriculture Françoise Gauthier, des congressistes étaient passés devant elle, portant un cercueil pour symboliser la mort lente de l’agriculture au Québec.
Le ministre qui ne voulait pas danser
L’UPA a pour tradition d’inviter à ses assemblées annuelles les ministres provincial et fédéral de l’Agriculture. Ces rencontres sont l’occasion d’échanges francs et généralement cordiaux, mais le vétéran de l’UPA conserve un souvenir mémorable de la dernière visite de Pierre Paradis, alors ministre de l’Agriculture dans le gouvernement Charest. « Celui-là, il ne dansait pas le tango avec l’organisation. Cette fois-là, on avait invité aussi les chefs de l’opposition au congrès. Le 1er vice-président de l’UPA était même descendu à la tribune pour l’interpeller au micro des délégués. »
Retraitée de l’UPA après une carrière d’une trentaine d’années, Hélène Benoit se rappelle les passages des premiers ministres du Québec. « Souvent, les élections se déroulent à l’automne, et les congrès de l’UPA au début décembre étaient l’occasion pour les premiers ministres de venir faire leur première sortie officielle. Ça a été le cas de René Lévesque, Jacques Parizeau, Lucien Bouchard, Pauline Marois et Philippe Couillard. Ça venait témoigner de l’importance de l’agriculture au Québec, mais aussi de celle de l’UPA comme organisation », souligne celle qui a œuvré au sein de la Direction de la vie syndicale et des communications.
Hélène Benoit garde aussi un souvenir très vif d’un congrès spécial en 2004 convoqué exceptionnellement au mois de juin. Laurent Pellerin était président de l’UPA et Lucien Bouchard, alors premier ministre du Québec, avait été le conférencier invité. « Vous êtes un pilier économique essentiel pour le Québec, avait-il déclaré. De plus, le secteur agricole joue un rôle vital parce que c’est lui qui nourrit la population et c’est aussi le pouvoir des régions. »
« C’est arrivé deux ou trois fois dans l’histoire de l’UPA de tenir ces assemblées extraordinaires. C’était l’année de la crise des revenus. L’UPA avait rédigé un manifeste pour réclamer des revenus plus équitables pour les agriculteurs et qui avait été publié dans tous les journaux », poursuit-elle.
Sur une note plus légère, Hélène Benoit évoque également le lancement au début des années 1990 du réseau étendu de l’Union qui marquait l’arrivée des courriels au sein de l’organisation. « On avait installé les messageries courriel dans tous les syndicats régionaux. Au congrès, on avait fait une simulation en direct sur écran géant en invitant les régions à nous écrire. Aujourd’hui, ça semble anodin, mais de pouvoir communiquer en direct avec les régions, c’était quelque chose, dans le temps », conclut-elle.
Un geste déplacé qui ne passe pas
Le 11 novembre 2016, lors d’une interpellation parlementaire du député de Berthier et porte-parole officiel de l’opposition en matière d’agriculture, André Villeneuve, le ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, a remis un boulier-compteur, un geste que même le président de la Commission a trouvé déplacé. Cette interpellation portait alors sur la hausse fulgurante de taxes que subiraient les agriculteurs à la suite des changements apportés par le gouvernement libéral au Programme de crédit de taxes foncières agricoles.
Non seulement déplacé, ce geste a provoqué la colère des agriculteurs qui n’ont pas manqué de huer et d’invectiver le ministre lors de son passage au congrès général. Le 1er vice-président de l’UPA, Pierre Lemieux, avait déploré ce geste digne d’un « clown », puis, avec un fort trémolo dans la voix, avait déclaré le ministère de l’Agriculture « responsable de la détresse agricole ».