Syndicalisme 5 décembre 2023

Caron dénonce le désengagement gouvernemental en agriculture 

QUÉBEC – Par leur désengagement, les deux paliers de gouvernement contribuent à l’endettement des fermes du Québec, selon le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Martin Caron.

« On parle de projet de société, on parle d’alimenter nos citoyens et citoyennes, on parle d’autonomie alimentaire, et on pense faire ça avec des budgets [en agriculture] qui représentent moins de 1 % du budget total. C’est vraiment ça qu’on appelle un projet de société? », a-t-il martelé, dans son discours prononcé au 99e congrès général de son organisation, le 5 décembre, à Québec. 

Le président a fait valoir, en se basant sur des données de La Financière agricole compilées par l’UPA, que la dette agricole au Québec a augmenté de 115 % dans les dix dernières années, atteignant plus de 29 G$ en 2023. En contrepartie, il a affirmé que le budget fédéral en agriculture a reculé de 18 % sur la même période, représentant aujourd’hui moins de 0,5 % du budget total. Au provincial, l’enveloppe réservée à l’agriculture a progressé de 9 % sur une décennie, mais ne correspond, à ce jour, qu’à une infime proportion du budget total, a-t-il dénoncé, de moins de 1,5 %.

« Chez nous, sur mon entreprise, quand je me dis : « C’est ça ma priorité et j’investis là-dessus », il me semble que mon pourcentage de budget est plus élevé que ça », a affirmé M. Caron. Il a réitéré l’importance de faire de l’agriculture une « priorité nationale ».

Les producteurs doivent être reconnus une fois pour toutes comme « professionnels de l’agriculture et comme moteur économique de nos régions.

Martin Caron, président de l’Union des producteurs agricoles

Deuxième emploi

De plus en plus de producteurs se manifesteraient pour dire qu’ils doivent trouver un autre salaire, à l’extérieur de l’entreprise agricole, pour joindre les deux bouts. Voilà qui a rappelé au président de l’UPA la réalité de ses propres parents, Gilles et Aline, au moment de l’achat de leur ferme, il y a plusieurs années. M. Caron a raconté avec un brin d’émotion que son père, à l’époque, devait aussi occuper un deuxième emploi pour garder la tête hors de l’eau, pendant que sa mère s’occupait de l’entreprise et de la famille.

« Ils voulaient vivre de ça. À un moment donné, ils ont réussi […], mais ils sont allés chercher un prêt de 39 ans dans ce temps-là. Est-ce qu’on est en train de revivre ce que nos parents ont vécu […] parce que le gouvernement ne nous soutient pas assez? », s’est-il inquiété, en insistant sur le fait qu’il est temps de lancer « un signal très clair » pour éviter de revenir en arrière.

Marche

« Il y a 100 ans, les producteurs et productrices ont marqué l’histoire de notre organisation. Aujourd’hui et demain, on a rendez-vous avec cette histoire-là de l’agriculture, de la foresterie », a-t-il insisté, en rappelant qu’un manifeste sera déposé au parlement de Québec, le 6 décembre, à la suite d’une grande marche visant à braquer les projecteurs sur l’agriculture.